La Mauricie a été un microcosme culturel autonome, avec sa fierté et son dynamisme économique bien établi. Jacques Allard, critique littéraire émérite de l'UQAM, s'est penché pour son premier roman sur la société de son enfance, qui n'avait à ses yeux rien à envier au Plateau de Michel Tremblay.

Rose de La Tuque suit une jeune Canadienne française qui doit se marier dans la disgrâce après être tombée enceinte d'un «beau Gaspésien» de passage. Dans son entourage, il y a une réfugiée juive, une riche Américaine cosmopolite, ses nombreux frères et soeurs et, bien évidemment, les curés.

C'était l'époque où La Tuque avait des canaux de communication directs avec les grands événements de ce monde. Où on discutait de la ligne Maginot, de l'Autriche nazie, où les prêtres allaient faire des cures thermales en France.

Bien ficelé, le récit pèche parfois par affectation. On endort un bébé avec une berceuse de Brahms, les discussions politiques semblent parfois plaquées, comme si elles étaient directement tirées d'un livre d'histoire.

Le lyrisme - «comme dit la poétesse, ne quitte pas mon rêve» - frise la facilité, mais il permet de beaux passages sur l'émotion religieuse des jeunes femmes de l'époque.

Rose de La Tuque

Jacques Allard

Hurtubise, 325 pages

** 1/2