Certains premiers romans surprennent par leur maîtrise et leur trame ambitieuse. C'est le cas du Bestiaire des anges, qui est autant saga familiale que roman de passage, de l'artiste visuelle originaire de la Saskatchewan Bernice Friesen.

Dans ce roman intense qui laisse une large place à la réflexion, mais qui est aussi porté par une foule de personnages et des dialogues vivants et truculents, l'auteure raconte l'histoire de James, 11 ans, qui, après la mort de sa petite soeur, doit quitter l'Angleterre pour suivre sa mère dans sa famille, en Irlande.

Nous sommes en 1965, le monde change, mais il semble figé dans le temps et empêtré dans les traditions, là-bas, entre la mer ombrageuse et les dunes vertes.

D'abord réfractaire, James finira par s'implanter et s'attacher à cette nouvelle famille, et deviendra un homme. Dix ans plus tard, pourchassé par la culpabilité, il devra pourtant faire face à ses démons et s'affranchir d'un passé douloureux.

«Tout le monde perd tout», lui dira une vieille Française vers la fin du roman, alors qu'il se plaint de son sort. Vraiment? C'est en tout cas ce qui permettra à James d'aller de l'avant.

Des scènes qui s'étirent parfois et des introspections un peu trop longues même si elles permettent à James de franchir certaines étapes ne gâchent en rien le plaisir d'une lecture prenante et dépaysante.

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Le bestiaire des anges. Bernise Friesen. Traduit par Lori Saint-Martin et Paul Gagné. Québec Amérique, 528 pages.