Impossible de suivre la production de Joyce Carol Oates, qui ne tarit pas, même à 70 ans passés. À peine vient-on de recevoir en français Petite soeur, mon amour - inspiré du meurtre non élucidé de la petite Joan Bennett Ramsay - que voici le recueil de nouvelles Folles nuits, inspiré cette fois des écrivains fétiches de Oates.

Paraît-il qu'elle imite leur style, sauf qu'il est bien difficile de s'en rendre compte en traduction! Mais perverse, elle demeure.

Ces grands maîtres américains que sont Poe, Dickinson, Twain, James et Hemingway, sous son scalpel, ont peut-être droit à un hommage en bonne et due forme «littérairement parlant», mais certainement pas «moralement».

Oates s'amuse à révéler leur part d'ombre au crépuscule de leur vie. C'est la folie pour Poe, l'obsession des fillettes pour Twain, la décrépitude du corps et le suicide pour Hemingway, le penchant pour les garçons pour James.

Seule la nouvelle sur Dickinson (EdickinsonRepliLuxe) détonne, mais agréablement, par la voie de la science-fiction - un couple s'achète une réplique d'Emily Dickinson pour contrer sa solitude... Mauvaise idée...

Amusant de constater que Joyce Carol Oate, plus près elle-même du crépuscule que de l'aube, avec derrière elle une oeuvre immense et régulièrement finaliste au Nobel, ne fasse aucun compromis avec ces «monstres» que sont les écrivains, vampires, égocentriques, assoiffés de gloire.

Disons qu'il vaut mieux fréquenter leurs oeuvres que les hommes eux-mêmes!

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Folles nuits. Philippe Rey, 232 pages