À l'été 1955, Jean-Pierre débarque du train sur le quai d'une petite gare située au nord de La Tuque pour y travailler comme garde forestier. Là, au milieu de nulle part, il se liera avec son patron, Émeri Dugal, et les habitants de l'hôtel surnommé Bordel-Station: la maquerelle Mme Rose, le videur Célestin, les deux jeunes prostituées Carole et Lili. Arrivé à reculons, le jeune homme de 19 ans y vivra le plus bel été de sa vie.

Roman sur le passage à l'âge adulte, Bordel-Station, de Guy Genest, est écrit dans une langue fluide, ponctuée de sacres et de joual dans les dialogues. Mais souvent cliché (bonjour la patronne de bordel au grand coeur), son humour tombe à plat et son propos manque de constance: par exemple, Jean-Pierre ne met que quelques heures pour s'attacher à un lieu qu'il abhorre, et Émeri, réputé taciturne, se lance dans de longs monologues sur le sens de la vie.

Surtout, on ne peut que grimacer devant cette ode à la «vraie pute», celle qui aime son travail au point de prendre plaisir à coucher avec un vieil ours mal léché, et ce, malgré son très jeune âge (17 ou 18 ans maximum).

Même si la fraternité entre le jeune Jean-Pierre et le vieil Émeri fait souvent mouche, même si la forêt est aussi un beau personnage en soi, Bordel-Station reste un fantasme un peu tordu sous son aspect de roman sur l'amitié et la tendresse.

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Bordel-Station. Guy Genest. Éditions XYZ, 184 pages.