L'identité est le thème central de La mauvaise habitude d'être soi, qui rassemble sept nouvelles toutes plus absurdes et surréalistes les unes que les autres. Si on se fie à ses remerciements, l'auteur Martin Page (Comment je suis devenu stupide, La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique) a traversé une période noire, qui a mené à ces nouvelles tout aussi noires.

Les illustrations de Quentin Faucompré, qui ponctuent chaque histoire par petites touches, sont à l'avenant. Dans Le contraire d'un phasme, un architecte bien vivant est désigné comme victime d'un assassinat; dans L'homme qui était une espèce en voie de disparition, un homme perd le contrôle sur sa vie lorsqu'on le désigne comme dernier représentant d'une espèce; dans La mauvaise habitude d'être soi, un inconnu offre à un homme de gérer sa vie à sa place en empruntant son identité...

Souvent drôle et ludique, marque de commerce de l'auteur, ce recueil s'attaque férocement aux travers de la société moderne, du profilage racial à l'obsession de la sécurité, en passant par la perte de sens et de repères. Le regard de Martin Page est cynique et froid, presque chirurgical, et son portrait du monde qui l'entoure fait frissonner - on lui souhaite d'ailleurs de voir un peu de lumière au bout de tant de noirceur.

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La mauvaise habitude d'être soi. Martin Page et Quentin Faucompré. Éditions de L'Olivier, 180 pages.