Il s'est imprimé des centaines de milliers de cartes postales au Québec depuis les années 1870. Certaines valent aujourd'hui plus de 100$, nous apprend un tout nouveau guide destiné aux collectionneurs. Vous en avez une boîte pleine? Il y a des gens que ça pourrait intéresser... À quelques jours du salon des collectionneurs de Drummondville, entrevue avec Pierre Gagné, auteur du livre Les cartes postales du Québec.

Vous voyez ces cartes postales? Tenez-vous bien. Selon les connaisseurs, elles vaudraient au moins 125$. La raison en est simple: elles sont vieilles, elles sont rares et leurs sujets sont originaux.

Si on vous en parle, c'est qu'un livre vient tout juste d'être lancé sur l'histoire de la carte postale au Québec et que son auteur, Pierre Gagné, le lancera officiellement le week-end prochain au salon des collectionneurs de Drummondville.

Publié à compte d'auteur, le bouquin de M. Gagné reproduit plus de 800 cartes postales datant essentiellement de la première moitié du XXe siècle, avec l'année de leur mise en circulation, le procédé d'impression, les dimensions, l'entreprise, la légende de la photo et, bien sûr, sa valeur sur le marché.

Cartes postales du Québec n'apprendra sans doute pas grand chose aux mordus qui les collectionnent frénétiquement depuis des lunes. Mais pour les débutants et les amateurs d'histoire, ce «guide d'identification» pourrait devenir un outil indispensable.

«C'est une chose d'avoir des cartes. C'en est une autre de savoir lesquelles sont intéressantes, explique Pierre Gagné. Quand on commence ou qu'on met la main sur une collection de famille, on n'a parfois aucune idée de ce que ça vaut. Ce guide va les aider à comprendre ce qui distingue les cartes désirables des cartes moins désirables.»

Comme les courriels

Selon Pierre Gagné, le Québec aurait connu un véritable «âge d'or de la carte postale» entre 1900 et 1920. D'où leur nombre abondant sur le circuit des collectionneurs.

Découvrant avec joie ce nouveau mode de communication, ludique et peu coûteux, les gens s'envoyaient alors des cartes à la tonne, les collectionnaient, se les échangeaient et les consignaient dans des albums - qui sont d'ailleurs assez recherchés de nos jours.

«C'était un peu l'équivalent de nos courriels aujourd'hui», résume M. Gagné, qui estime à «plusieurs millions» le nombre de cartes envoyées à l'époque et ce, rien qu'au Québec.

Dominion Cartridge : «Cette carte est une chromolithographie. Elle représente une cible et on a tiré dessus. Ça ne lui enlève pas de la valeur. Elle est très recherchée. Surtout qu'elle est complète. Comme son format n'est pas standard, beaucoup de gens l'ont tronquée pour la faire entrer dans les albums.»

À l'heure numérique, cette frénésie est aujourd'hui bien révolue. Mais l'attrait pour la carte postale de collection demeure bien réel, en raison de son accessibilité et de ses prix abordables. Il existe même des associations exclusivement centrées sur ce marché bien particulier, qui témoigne à sa façon de l'histoire du Québec.

Alors voilà: si vous en avez une boîte pleine dans votre placard, ou une collection héritée de votre grand-père, pensez-y à deux fois avant de vous en défaire. Vous êtes peut-être riche. Ou peut-être pas...

Le 19e salon des collectionneurs de Drummondville se tient les 12 et 13 avril, au 575, rue des Écoles (www.salondescollectionneurs.com)

Cartes postales du Québec, Pierre Gagné, éditions du Collectophile. (www.librairiecollectophile.com)

Charpentier : «Charpentier était un photographe qui faisait des cartes postales. La photo de son magasin a été tellement bien prise qu'on est capable de voir les plaques d'immatriculation sur les voitures. C'est une carte de qualité.»

La carte des valeurs

Comment évaluer la valeur d'une vieille carte postale? Un ensemble de critères, explique Pierre Gagné. Primo, une «photo véritable», développée chez un photographe professionnel aura toujours plus de valeur qu'une carte faite en série chez un imprimeur.

Deuzio, plus la carte est vieille et rare, plus elle vaut cher. Principe de base. Mais attention: ce n'est pas systématique. Un portrait non identifié, par exemple, n'aura que peu de valeur, fut-il unique.

Tertio: le sujet. Plus il y a de la vie sur la photo, plus la valeur de la carte augmente. C'est le critère ethnologique. Une scène de rue, croquée sur le vif, avec du mouvement et des gens, aura ainsi beaucoup plus de valeur qu'une maison figée avec personne devant.

Le boeuf : «Une carte hors de l'ordinaire parce qu'on voit très rarement des cartes avec des boeufs, même sur les cartes très anciennes. En général, ce sont des chevaux.»

«Ces cartes racontent quelque chose, résume Pierre Gagné. Elles immortalisent la vie quotidienne à une époque où celle-ci était rarement immortalisée. Et elles témoignent parfois d'événements spectaculaires, comme des inondations ou des feux.»

Selon Pierre Gagné, le prix d'une carte ancienne peut aller de 25 cents à 125$, rarement plus. Les cartes qui excèdent cette valeur sont l'exception qui confirme la règle. Mais on a déjà vu des cartes se vendre 300 ou 400$.

Circus Parade : «Quand un cirque arrivait dans une municipalité, il faisait une parade pour s'annoncer. Regardez sur la galerie, les gens sont en habit du dimanche. C'est quelque chose aujourd'hui que les gens ne verraient plus.»