John Fitzgerald Kennedy a été assassiné il y a 50 ans. Beaucoup d'encre a coulé depuis. Des litres et des litres d'encre. Le New York Times soulignait récemment que pas moins de 40 000 livres ont été publiés à son sujet!

N'empêche, on se trouve aujourd'hui face à un nouveau déluge d'essais sur le président démocrate. Du meilleur au pire, bien évidemment... Comment faire le tri parmi tous ces ouvrages? Nous avons lu pour vous quatre essais publiés ces jours-ci, question de vous aider à y parvenir.

En guise d'avertissement, commençons par le pire: JFK, Le dernier jour, de François Forestier. Ce livre est à la fois «une enquête», «un roman» et «une fresque littéraire», prévient l'éditeur. Mais en fait, c'est simplement une fiction doublée d'un exercice de style sensationnaliste sur JFK, tout sauf rigoureux. L'auteur, pourtant journaliste, met des pensées dans la tête des grands acteurs du drame, prend de nombreuses libertés avec les faits et recycle des clichés.

Sous sa plume, le vice-président de Kennedy, Lyndon Johnson devient un «fou à lier», «un charlatan, un magicien, un faux-cul, un traître d'opérette». Le président démocrate et ses frères sont des «fils à papa» peu scrupuleux. Jackie Kennedy a eu (entre autres) une aventure avec Robert McNamara, secrétaire à la Défense. Et on en passe, notamment sur la théorie du complot quant à l'assassinat, dont l'auteur est un adepte. Si on avait présenté le livre comme une fiction, déjà, la pilule aurait été plus facile à avaler.

Qui trop embrasse...

Kennedy, La vérité sur le clan, de Frédéric Lecomte-Dieu, ne pèche pas par les mêmes excès. Mais dans l'ensemble, il n'est guère mieux. Déjà, décider de raconter l'histoire de la famille Kennedy au grand complet en moins de 250 pages, c'était comme tenter de résumer l'oeuvre de Marcel Proust en quelques paragraphes.

Ce n'est pas le seul problème du livre. Souffrant horriblement de l'absence de ligne directrice, il se répète (quelques anecdotes sont racontées deux fois) et s'égare. Notamment en passant beaucoup trop de temps à nous expliquer le déroulement de la Seconde Guerre mondiale. Au bout du compte, on ne fait qu'effleurer JFK et chacun des autres membres du clan.

Contre les théories du complot

L'objectif de Vincent Quivy dans Qui n'a pas tué John Kennedy était tout autre. D'abord, il est autrement mieux documenté. Il semble avoir tout lu sur l'assassinat de Kennedy. Et il met ses connaissances au service d'une noble entreprise: démonter les nombreuses théories du complot au sujet de l'assassinat.

«De l'enquête, restent les faits têtus et cette vérité incontournable d'un jeune Américain de 24 ans qui, apprenant que le convoi officiel allait passer sous les fenêtres de l'immeuble où il travaillait, a décidé de ramener son fusil et de tirer sur le président. Trois tirs, sans explication ni aveu», écrit-il. Trois tirs, dont deux ont touché le président. Point à la ligne.

«Derrière la mort de Kennedy, ni conspiration, ni plan machiavélique, ni vaste complot, ni large conjuration. Juste le geste fou d'un paumé sans avenir», ajoute l'auteur. Avec une précision presque froide, dans un ordre chronologique, il passe en revue les diverses théories, puis, expose les enquêtes et études qui les ont réfutées. Du solide boulot.

Une icône en photos

Enfin, Kennedy, chronique d'un destin, est dans une classe à part. Dans la catégorie des beaux livres, conçus pour reposer sur une table à café. Un livre basé sur les photos de Jacques Lowe, qui a documenté la vie et la carrière de JFK, notamment pendant la campagne présidentielle et dans les mois ayant suivi son arrivée à la Maison-Blanche.

L'ascension de Kennedy représente entre autres le triomphe de l'image en politique. Pour cette raison, l'ouvrage, conçu à partir de matériel publié et diffusé çà et là au cours des dernières décennies, fait partie de ces livres qui aident à comprendre ce que représentait le président démocrate pour les Américains et le reste du monde. À prendre la mesure du mythe Kennedy.

L'essai est aussi un témoignage de première main, puisque le photographe américain raconte, à travers ce reportage, l'histoire de sa relation avec le président. Jacques Lowe jouissait d'un accès privilégié. De quoi rendre vert de jalousie n'importe quel journaliste.

Il raconte par exemple comment il a immortalisé la première rencontre entre le président et son comité des chefs d'état-major interarmées. Réunion où on présentait les façons de se débarrasser de Fidel Castro!

Le regard de Robert

Jacques Lowe était aussi la seule personne en compagnie de JFK et de son frère Robert lorsque les deux hommes ont décidé que Lyndon Johnson deviendrait candidat à la vice-présidence.

Quand la décision a été annoncée au principal intéressé, alors sénateur texan, le photographe était dans la pièce. Il a capté «le regard lourd de soupçons» de «Bobby», qui se méfiait de Johnson. Une image qui vaut mille mots. Cela dit, ce témoignage est aussi unique que bref. L'équivalent d'un instantané. Si vous cherchez à en savoir vraiment plus sur la vie et l'oeuvre de JFK, la lecture des livres mentionnés dans cette rubrique vous laissera sur votre faim. On aurait souhaité qu'on profite de l'anniversaire pour offrir en français l'une des biographies aussi réputées que volumineuses du président. Celles de Richard Reeves ou de Robert Dallek, par exemple. Avis aux éditeurs: il n'est pas trop tard pour faire oeuvre utile...

Photo: archives AP

John et Jacqueline Kennedy à leur arrivée à l'aéroport de Dallas, le 22 novembre 1963.