La mort de Jean Ferrat aura fourni l'occasion à Jean-Dominique Brierre d'augmenter quelque peu sa biographie de l'auteur-compositeur-interprète qui aimait aussi bien chanter la beauté de la vie que l'idéal d'un monde plus juste.

Interdit d'ondes par les gaullistes pour ses affinités communistes, Ferrat a vite compris qu'il devait contrôler au maximum toutes les étapes de la production de ses disques et de ses tournées. Après sa rupture avec Barclay, il réenregistrera la quasi-totalité de ses chansons avec les mêmes arrangements sous sa propre étiquette.

 

Ferrat était davantage compositeur que parolier. Mélodiste doué, il a su faire des chansons inoubliables des poèmes d'Aragon à qui il aura consacré deux disques complets. Aimer à en perdre la raison et Que serais-je sans toi sont devenus des classiques.

Quant il s'en donnait la peine, le chanteur à la voix chaleureuse se révélait aussi un remarquable parolier. Camarade et surtout Le bilan en sont des exemples probants que Brierre analyse très bien.

Jean Ferrat une vie est une biographie autorisée sur la vie bien rangée d'un artiste dérangeant, mais somme toute bien rangé. On ne trouve pas beaucoup d'ombre dans ce livre dont la qualité principale réside peut-être dans la mise en contexte des nombreux enregistrements du chanteur.

Aussi, ceux qui se rappellent de sa très piètre prestation à la Comédie canadienne à la fin des années 60 chercheront en vain une critique de ses ternes tours de chant, surtout si on les compare à ceux de Brel, Vigneault ou Leyrac qui remplissaient aussi leurs salles.

Ferrat abandonnera la scène d'ailleurs dès 1973, mais continuera d'enregistrer pendant encore 20 ans. Les ventes de ses disques témoignent de sa popularité durable.

Jean Ferrat

une vie Jean-Dominique

Brierre

L'Archipel. Paris. 279 pages

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