Parmi les parutions récentes, voici quatre bédés qui ont retenu l'attention de l'équipe de Lecture cette semaine.

Tendre manga 

Aveu: ce manga arrivé du Japon était passé sous notre radar à sa parution au Québec, en mai dernier. Depuis, l'obtention du prix du meilleur album asiatique décerné par l'Association des critiques et journalistes de bande dessinée (l'ACBD) l'a remis au premier plan.

Le livre regroupe quatre nouvelles qui évoquent la force de la famille et de l'amitié avec une sensibilité, voire une tendresse, qui n'est pas sans rappeler un certain Jiro Taniguchi.

Il est question ici de baseball, de cappuccino, d'un arnaqueur au coeur tendre, d'amour résistant à l'épreuve du temps et d'un banal cours d'histoire qui se transforme en leçon de vie.

Comme fil conducteur de ces cases en noir et blanc: l'histoire d'un couple de vieux campagnards venus à Tokyo s'occuper du restaurant - et des deux bambins - de leur fils décédé.

Un manga plein d'espoir.

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Sous un ciel nouveau. Kei Fujii et Cocoro Hirai. Éditions Ki-oon. 240 pages.

Détourner l'histoire 

Denis Rodier est l'un des rares dessinateurs québécois - avec Yanick Paquette, entre autres - à avoir percé le marché américain.

Celui qui a illustré les séries Superman et Batman pour DC Comics s'intéresse depuis quelque temps à l'histoire de la Russie.

Il y a un peu plus d'un an, il a sorti l'album Lénine (avec Antoine Ozanam), qui revisite la jeunesse du révolutionnaire. Bref, la période qui a précédé la révolution bolchévique de 1917.

Cette fois, Rodier fait équipe avec Tristan Roulot dans cette uchronie où les deux hommes s'amusent à détourner l'histoire.

La révolution russe de 1917 n'a jamais eu lieu. Le tsar a survécu et fait pendre Lénine. L'Ukraine et la Sibérie sont envahies et la guerre civile n'en finit plus de tuer de jeunes militaires.

En fait, ce tsar survit à tous les attentats grâce à un plan diabolique de Raspoutine et ses mages noirs. Ce récit fantastique a beau prendre une tournure invraisemblable, on se trouve happé par le scénario dystopique de l'auteur. Le tout illustré par un maître du mouvement et des scènes d'action.

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Arale. Tristan Roulot et Denis Rodier. Dargaud. 64 pages.

Image fournie par Dargaud

Arale, de Tristan Roulot et Denis Rodier

Au nom du père

Depuis cinq ans que Guy Delisle nous propose son Guide du mauvais père publié entre ses albums. Le quatrième tome s'inscrit sans surprise dans la continuité des précédents.

L'auteur des Chroniques birmanes, qui nous avait offert l'an dernier le récit anxiogène d'un enlèvement (S'enfuir), ne semble pas se lasser de ces petites histoires de l'enfance qui marquent tant... les papas.

Vous vous souvenez de son histoire sur la fée des dents qui a oublié de passer? Guy Delisle prend un malin plaisir à la revisiter, toujours avec cet humour délicat et plein de tendresse.

Même qu'il a travaillé sur un court métrage produit par l'ONF, baptisé La dent. Pas facile de réussir tous les gags de ce nouvel opus, mais Guy Delisle s'en sort honorablement.

Dans un passage plein d'autodérision, ses enfants le supplient de lui révéler une des histoires du guide qui les concernent. Le dessinateur cède... mais ses enfants restent de marbre.

On nous dit qu'il s'agit du dernier tome, mais avec l'adolescence de sa progéniture, ce guide pourrait se renouveler quelques années encore. À suivre, donc.

* * * 1/2

Le guide du mauvais père 4. Guy Delisle. Shampooing. 191 pages.

Image fournie par Shampooing

Le guide du mauvais père 4, de Guy Delisle

Relire  

On souligne la sortie de cet album de Pascal Girard même s'il s'agit d'une réédition - il a été publié il y a quelques années aux éditions Delcourt.

Ceux qui l'avaient raté peuvent se reprendre. Le bédéiste de Québec, qui est aussi travailleur social à la Clinique des troubles du mouvement du Centre universitaire de santé McGill, à Montréal, réussit à nous entraîner avec délice dans ce récit humoristique d'une jeunesse pas si lointaine.

Girard, qui se met en scène, se prépare à une soirée de retrouvailles avec ses anciens camarades du secondaire.

Dès le moment où il reçoit son invitation, Pascal vit une grande anxiété. Il vient d'apprendre qu'il a le menton prognathe (la mâchoire avancée), il a pris du poids et il a une verrue immense sur le doigt.

Pas question de mal paraître le jour du conventum. Régime, mise en forme, il fera tout pour ne pas être le loser de jadis, d'autant plus qu'une ancienne amour se réjouit de le voir.

Un album qui sonde toutes nos angoisses d'adolescents, y compris celles qui ne nous quittent jamais.

* * * 1/2

Pascal Girard. Conventum. La Pastèque. 156 pages.

Image fournie par La Pastèque

Conventum, de Pascal Girard