Une bête sommeille en chacun de nous. Enfouie dans notre esprit, elle paralyse nos forces ou nous pousse dans des quêtes de pouvoir. Cinq bédéistes racontent des histoires de peurs intérieures et de revanches sur la vie.

Les cobayes

L'idée est séduisante: un médicament permet aux gens de vaincre leurs frustrations et de devenir leur propre superhéros.

Un timide épanoui peut jouer les Casanova et une artiste transformée peut faire courir les critiques. Mais chaque médicament comporte des effets indésirables.

Dans ce cas-ci, que deviendra la société si le raté n'a plus peur du puissant?

Benacquista prend beaucoup (trop?) de temps à formuler cette question, puis se contente d'esquisser un début de réponse. Un suivi médical s'impose.

* * * 1/2

Les cobayes, Benacquista/Barral, Dargaud, 96 pages.

Moby Dick: livre premier

Chabouté n'a pas froid aux yeux. Moby Dick a été adapté maintes fois au cinéma et en BD sans se laisser saisir.

Certes, il a fait ses armes avec Terre-Neuvas (2009), un huis clos marin bien dessiné. Mais s'attaquer à Moby Dick? Vraiment?

Pour éviter d'en perdre un bout, il choisit de coller au lyrisme du texte original. Mal lui en prend. Ses planches sont superbes, mais son récit tangue dangereusement entre le roman graphique et les planches verbeuses.

* * *

Moby Dick: livre premier, Melville/Chabouté, Vents d'Ouest, 120 pages.

Zombillénium (T3): Control Freak

Cette série ne semblait au départ qu'une parodie d'histoires de zombies, truffée de répliques mordantes et de références savoureuses.

Mais avec Control Freak, Arthur de Pins fait désormais dans la critique sociale. Le parc d'attractions Zombillénium permettait à l'origine aux monstres de trouver une place dans la société.

Un businessman aux dents longues en fait l'antichambre de l'enfer. Sous des motifs honorables, le commerce abuse-t-il de nos bons sentiments?

Nos plaisirs nous conduisent-ils à vendre notre âme au diable?

* * * 1/2

Zombillénium (T3): Control Freak, Arthur de Pins, Dupuis, 46 pages.

Hedge Fund (T1): Des hommes d'argent

Pensez ici au film Wall Street ou à toute autre mouture de ces histoires boursières: une petite crapule est catapultée au sommet de la haute finance à Hong Kong grâce à un riche mentor aux sombres desseins.

Avec une intrigue semblable à des niveaux de jeu vidéo, ce premier tome place les personnages et enseigne les rouages du marché.

Les ficelles sont grosses, les personnages stéréotypés, le scénario usé, le dessin sans intérêt. Mais les dernières pages font grimper sa cote.

* * *

Hedge Fund (T1): Des hommes d'argent, Hénaff/Roulot/Sabbah, Lombard, 56 pages.

Blake et Mortimer (T22): L'onde Septimus

Scénario alambiqué, personnages dénaturés et dénouement expéditif. Oh! Comme l'intrigue de série B imaginée par Jean Dufaux, scénariste pourtant chevronné (Jessica Blandy, Murena), décevra les aficionados!

Blake et Mortimer, à l'évidence, ne l'intéressent pas. Il préfère le tourmenté Olrik, devenu l'ombre de lui-même après avoir servi de cobaye au professeur Septimus (La marque jaune, 1956).

Les deux héros, eux, sont relégués à des rôles mineurs. Consolation: la série retrouve son ambiance surannée grâce à Aubin et Schréder.

* *

Blake et Mortimer (T22): L'onde Septimus, Dufaux/Aubin/Schréder, Éditions Blake et Mortimer, 70 pages.