India Desjardins et Pascal Blanchet ont remporté le prix Ragazzi, un des plus prestigieux prix en littérature jeunesse, avec Le Noël de Marguerite, publié à La Pastèque.

«Dans le milieu de la littérature jeunesse, le prix Ragazzi, c'est comme recevoir un Oscar», lance l'éditeur de La Pastèque, Frédéric Gauthier, qui rappelle que c'est la première fois qu'un livre canadien remporte ce prix dans la catégorie fiction.

Les auteurs recevront leur prix à la foire du livre jeunesse de Bologne, en Italie, à la fin du mois de mars. Cette foire, qui existe depuis 51 ans, est la plus importante rencontre de ce genre dans le monde. Environ 1300 exposants provenant de plus de 60 pays s'y retrouvent.

Jointe hier matin par La Presse, India Desjardins commençait à mesurer l'ampleur de la nouvelle. «Quand Fred m'a dit ça hier [mardi], je ne comprenais pas son excitation, parce que je n'avais jamais entendu parler de ce prix. Mais quand je me suis couchée, j'ai eu un peu de misère à m'endormir!»

Pascal Blanchet, lui, savait déjà «qu'il n'y a pas de plus grand prix en jeunesse» que le Ragazzi. «Pour moi, ça signifie qu'on a bien travaillé.» Et qu'il ne s'est pas trompé en choisissant d'ancrer le récit en Amérique du Nord, avec toutes les références à nos rituels de Noël, aux objets, aux détails.

«Ça ne peut pas se passer ailleurs qu'ici. Je suis surpris, je ne pensais pas que ça aurait des résonances en Europe», souligne l'illustrateur, pour qui c'est le premier projet jeunesse.

Pour ce livre, Pascal Blanchet s'est inspiré de la publicité américaine des années 50. Le jury a souligné la qualité de ses illustrations, particulièrement son travail exceptionnel sur la lumière. Mais c'est «l'excellence du concept, du design et de son exécution» qui a convaincu le jury.

«Faire un album, c'est un vrai travail d'équipe, et c'est pour cette raison que j'aime tellement ça. C'est ce qui a été récompensé, et j'en suis fière», note India Desjardins, pour qui ce livre ne serait rien sans la présence de Pascal Blanchet. «L'un ne va pas sans l'autre. Ça lui a pris trois ans de travail, il était très inquiet. Mais je l'ai attendu. J'ai bien fait!»

Elle loue aussi l'audace de l'éditeur de La Pastèque, Frédéric Gauthier, «qui a pris un risque» avec Marguerite. «Ce n'était pas si évident comme projet, cette histoire d'une grand-maman toute seule le soir de Noël, avec des dessins vintage... Il y avait juste avec La Pastèque que je pouvais faire ça.»

India Desjardins est émue de voir que ce récit si personnel, inspiré d'une de ses grands-mères, a touché autant de gens. «Pour moi, c'était comme mon petit projet underground...»

Mais Le Noël de Marguerite ne passera pas inaperçu, à Bologne et ailleurs dans le monde. «L'an dernier, le livre gagnant était exposé partout sur le plancher de la foire», se souvient Frédéric Gauthier. Une visibilité qui assurera à l'album des ventes de droit importantes, estime-t-il.

Les deux auteurs devraient donc se rendre en Italie pour recevoir leur prix à la fin de la foire, qui se déroule du 24 au 27 mars. «C'est sûr que j'y vais!», s'exclame India Desjardins.

L'auteure d'Aurélie Laflamme a aussi plein de projets: non seulement elle caresse l'idée d'un nouvel album jeunesse, mais elle pense aussi sérieusement à un tome 2 de sa bédé La célibataire. Et un début de roman de style chick lit lui trotte dans la tête.

«Dans le fond, j'ai la liberté de faire ce que je veux. Et ce qui se passe avec Le Noël de Marguerite est la preuve que je fais bien de toujours suivre mon coeur.»