Génie de l'humour qui a exploré et explore encore, mine de niaiser, les mystères et les incongruités du français parlé au Québec, fabuliste du langage, clown tragique, Claude Meunier est une référence, une idole pour beaucoup d'aspirants comiques et un auteur fascinant, sujet de thèses universitaires. Voilà pour les fleurs. Voici le pot, et il est lourd: Cette bande dessinée ne mérite pas les lignes qui lui sont accordées ici.

Et, n'eût été de la notoriété de son auteur et de l'obligation médiatique, La bande à Ti-Paul serait totalement ignoré par la presse et n'aurait peut-être même pas franchi l'étape de la publication chez un éditeur de prestige (Glénat). Disons-le: Meunier dessine mal. Et son humour décalé, qui emprunte ici, avec clin d'oeil, aux farces de cabaret et aux jokes de mononcle, ne passe pas en bandes dessinées.

On a droit à quelques bons gags (la page consacrée aux «Phrases pour un roman» est hilarante: «La nuit venait de tomber. Il proposa de la ramasser.») Quelques textes feraient d'excellents sketches sur scène. Sinon, les bandes de Ti-Paul et son faire-valoir Max, sortes de Ding et Dong sans le charisme, font penser, de forme, aux esquisses d'un adolescent des années 80.

L'album va se vendre, évidemment, alors qu'il se produit ici, hors des immenses circuits de diffusion, des bandes dessinées fascinantes, fabriquées par de véritables artistes de l'image lesquels restent dans l'ombre parce qu'ils n'ont pas l'avantage d'être déjà connus. Meunier devrait laisser tomber les crayons et reprendre la plume. Ou déléguer l'illustration à quelqu'un d'autre, techniquement plus doué, qui saurait mieux rendre son grand art de la farce.

Claude Meunier

La bande à Ti-Paul

Glénat Québec, 48 pages, 19,95$

*