Susan Sontag aurait eu 85 ans aujourd'hui. Essayiste, philosophe, romancière, cette intellectuelle, morte en 2004, a marqué la vie des idées des deux côtés de l'Atlantique. Nous vous proposons cinq livres pour la (re)découvrir.

Sa biographie

Les archives personnelles de Susan Sontag, confiées à l'Université de Californie, sont désormais publiques. C'est ce qui a permis à l'historienne française Béatrice Mousli, installée à Los Angeles, d'écrire cette passionnante biographie qui nous en apprend davantage sur la femme derrière l'icône: son enfance, son intelligence supérieure (elle lisait à l'âge de 3 ans!), ses relations parfois compliquées, sa maternité précoce et ses relations pas toujours faciles avec son fils... Sontag était une philosophe qui allait sur le terrain, une touche-à-tout qui avait mille idées à l'heure, une boulimique de lecture qui n'hésitait pas à se mouiller. Personne ne l'a jamais vraiment remplacée.

Susan Sontag. Béatrice Mousli. Flammarion.

Ses nouvelles

Rééditées chez Bourgois, les courtes fictions de Susan Sontag sont une autre façon de la connaître puisqu'elles sont en bonne partie inspirées de la vie de leur auteure. Certains textes ressemblent davantage à des notes d'écriture, d'autres, à des réflexions qu'elle se serait faites à voix haute. D'autres textes se rapprochent davantage de la fiction pure, même si on sent toujours l'essayiste qui n'est pas loin. Notes de voyage, préoccupations à propos de la maladie et, qui sait, squelettes de ce qui aurait pu devenir des romans ou des textes plus achevés? Dans tous les cas, l'écriture est limpide et assurée.

Debriefing (nouvelles). Susan Sontag. Bourgois.

Son meilleur roman

On dit de Susan Sontag qu'elle rêvait de devenir une grande romancière. On ne peut pas tout à fait dire «mission accomplie», mais elle a tout de même publié des romans qui ont été remarqués: En Amérique, publié en 2000, lui a valu le National Book Award. Mais son meilleur demeure L'amant du volcan. Il se déroule à Naples en 1772 et raconte l'histoire d'amour de l'ambassadeur de Grande-Bretagne avec une jeune femme qui tombera à son tour amoureuse de l'amiral Nelson (oui, le même dont on honore la mémoire avec une colonne sur la place Jacques-Cartier, dans le Vieux-Montréal). Un roman intelligent et enlevant.

L'amant du volcan. Susan Sontag. Points.

Son essai sur la maladie

Si son essai Notes on «Camp» l'a confirmée comme intellectuelle originale et incontournable, ses écrits sur la maladie ont eu un grand rayonnement dans le public par la nature du sujet qu'elle y aborde. Dans La maladie comme métaphore (qui sera suivi de l'ouvrage Le sida et ses métaphores), Susan Sontag - qui a eu deux cancers et qui est morte de la leucémie - revisite toutes les métaphores employées dans les textes médicaux et littéraires (Keats, Dickens, Joyce, etc.). Ceux qui en ont contre tout le vocabulaire guerrier associé au cancer (vaincre, lutter, perdre son combat) se délecteront de son analyse fine et impitoyable ainsi que de l'intelligence de sa réflexion.

La maladie comme métaphore. Susan Sontag. Bourgois.

Le livre de son fils

Susan Sontag n'a eu qu'un enfant, David, et elle l'a eu très jeune, à l'âge de 19 ans. Leurs relations n'ont pas été faciles. On comprend à la lecture de ce livre qu'aucune des relations personnelles de Susan Sontag n'était facile. L'intellectuelle était un personnage complexe, mais c'est surtout son rapport à la vie et à la mort que son fils aborde dans ce très beau livre, très lucide et très profond qui nous fait découvrir une facette plus vulnérable de ce personnage plus grand que nature.

Mort d'une inconsolée - Les derniers jours de Susan Sontag. David Rieff. Climats.

Photo fournie par Farrar, Straus & Giroux, archives Bloomberg

Susan Sontag