Les hasards des programmations et la multiplication des projets - «J'ai de la difficulté à dire non!» - font que Larry Tremblay est partout cet automne. Petit survol d'une saison occupée.

Roman

L'impureté (Alto)

Trois ans après le succès de L'orangeraie - traduit en une douzaine de langues et lauréat du Prix des libraires du Québec -, Larry Tremblay revient avec un nouveau roman complètement différent. «Ç'aurait été ridicule de faire L'orangeraie 2», nous a-t-il d'ailleurs confié lors de notre rencontre éditoriale à La Presse. L'impureté est un véritable labyrinthe où on reconnaît la patte experte du dramaturge : coups de théâtre, manipulations, vengeance et mises en abyme multiples ponctuent ce texte court et efficace de 155 pages, dont il est difficile de parler sans vendre de punchs. Une romancière qui meurt dans un accident de voiture, son mari prof de philo en pleine crise existentielle, des amours de jeunesse trahies, des secrets de famille enfouis, les différentes couches s'enlèvent une à une pour aboutir à un noeud aussi surprenant que troublant. Le pouvoir de la fiction dans ce qu'il a de meilleur à offrir.

Roman graphique jeunesse

Même pas vrai Illustré par Guillaume Perreault (La Bagnole)

«J'avais écrit cette histoire il y a quelques années et je l'avais rangée dans un tiroir, raconte Larry Tremblay. Un jour, Jennifer Tremblay de La Bagnole m'a demandé si je voulais écrire un livre pour les jeunes. Je lui ai envoyé ce texte, elle l'a aimé et c'est elle qui a décidé d'en faire un roman graphique. Je n'ai eu qu'à arrimer tout ça avec Guillaume Perreault.» Le résultat est un vrai roman, magnifiquement illustré en noir et blanc, narré par un petit garçon qui aime bien faire des reportages sur ce qui l'entoure. Son imagination débridée rend cependant son comportement de plus en plus erratique... Fantaisie, dialogues rigolos, jeux de mots intelligents et vrais questionnements, voilà un livre consistant qui devrait intéresser petits et grands.

Théâtre

Le garçon au visage disparu Mise en scène de Benoît Vermeulen, à La Licorne du 15 au 25 novembre. Avec Julie McClemens et Christian E. Roy.

«Quand Benoit Vermeulen du Théâtre Le Clou, qui s'adresse aux ados, m'a demandé de lui écrire un texte, j'ai imaginé cette situation de départ: un matin, un adolescent se réveille et il n'a plus de visage. Oui, mais pourquoi?» Pour sa première pièce pour adolescents, Larry Tremblay admet avoir écrit un texte à la portée émotive assez chargée, même s'il compte aussi une part de fantaisie. «L'adolescence, c'est une période où l'identité est fragile, faite de construction et de déconstruction. Par ailleurs, c'est une pièce qui s'adresse à tout le monde, pas juste aux ados», explique l'auteur, dont certains des textes - L'orangeraie en roman, Le ventriloque au théâtre - ont connu beaucoup de succès auprès des jeunes, même s'ils ne leur étaient pas destinés.

Le Joker Mise en scène d'Éric Jean, au Théâtre de Quat'Sous du 7 novembre au 2 décembre. Avec Pascale Montpetit et Normand Daneau.

Pour sa troisième collaboration avec le metteur en scène Éric Jean, Larry Tremblay a écrit une pièce plutôt métaphysique. «Le joker n'a pas de valeur fixe, elle varie selon le jeu auquel on joue. Je suis parti de cette idée.» Le dramaturge a eu envie d'incarner sur scène notre petite voix intérieure, «ce quelque chose qui nous dépasse». Les voix suivront les personnages comme leur ombre. «C'est une pièce sur la peur de l'autre, mais sur le mode burlesque, grotesque. C'est une comédie qui se déroule dans un univers qui n'est pas la réalité. C'est une année qui se déroule en une nuit. J'appelle ça l'accélérateur de particules.»