Avec son deuxième disque, La mort est un jardin sauvage, la jeune auteure-compositrice-interprète Sarah Toussaint-Léveillé démontre qu'elle est une artiste à suivre. Dotée autant d'un talent musical que d'une écriture sensible et imagée, elle nous a parlé de sa vie en livres.

Votre premier souvenir de lecture?

Du temps où je ne savais pas encore lire, et qu'on me faisait la lecture, c'était les livres de Passe-Partout. Leurs illustrations me sont restées gravées dans la tête. Sinon, mon premier souvenir de lecture dans laquelle j'ai été plongée, c'était Une histoire à faire japper d'Yves Beauchemin. J'avais 8 ou 9 ans. L'histoire m'avait touchée, drôlement ressemblante à celle d'E.T.. Ensuite, il y a eu les Harry Potter. Première fois qu'une histoire m'absorbait à ce point. Le mystère, la magie, la mort me gardaient en haleine. J'avais 10 ans, à peu près comme les personnages. Je me souviens avoir reçu à Noël les trois premiers tomes. Le petit coffret pesant, je le tenais entre mes mains comme un objet précieux et riche.

Le livre qui a changé votre vie?

Dur à dire, il y en a tellement! De toutes sortes de manières. Le livre Vendues! écrit par Zana Muhsen, que j'ai lu à mes 15 ans, m'a complètement chavirée. Il raconte l'histoire de deux jeunes adolescentes anglaises, qui croient partir en vacances découvrir le Yémen, pays natal de leur père. Rendues là-bas, elles réalisent qu'elles ont été vendues par leur père, 13 000 francs. Cette histoire est une histoire vraie. Je me souviens avoir fait un exposé sur ce livre, j'étais complètement absorbée et dégoûtée par ce récit. Sinon, rapidement, La vie devant soi d'Émile Ajar, La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy, etc.

Celui qui est sur votre table de chevet en ce moment?

J'ai du mal à lire un seul livre, parce que j'essaie de rattraper ce qu'on peut appeler un «retard» dans mes lectures des revues 24 images et Nouveau Projet. Je mise surtout sur ma lecture de 24 images ces jours-ci, puisque je pars faire une formation de cinéma à Prague en juin, et que j'ai envie de me mettre dans le bain. Je trouve cette revue ultra inspirante et je découvre une multitude d'artistes visuels et autres. Ces revues, il faut absolument qu'elles continuent de vivre autrement que sur le Net. Il faut conserver cette rencontre entre un objet d'écriture et nous-mêmes. Je crois que c'est nécessaire à la santé mentale d'une société. Savoir lire un texte, en dehors des écrans et du web, en dehors du trop vaste bruit ambiant.

Le livre que vous relisez tout le temps?

Souvent, je reviens au Parfum de Süskind. Je crois que c'est pour l'aspect surréaliste et glauque de l'histoire, et pour la complexité et la richesse de l'écriture de l'auteur. C'est un livre chargé, puant, cru, complexe, poétique à la fois, et pourtant simple à lire. Ça m'inspire énormément pour un projet d'écriture que j'essaie de développer depuis plusieurs années. Sinon, il y a Les tranchées de Fanny Britt, le genre de livre qu'on veut donner à tout le monde. Un peu le même effet qu'a provoqué chez moi le livre Ru, de Kim Thúy. L'envie de le partager et le donner à tout le monde, parce qu'il fait du bien.

Le livre que vous n'avez jamais lu, vous ne savez pas pourquoi?

Hum... Nombreux sont les livres que je n'ai pas lus et le «pourquoi», c'est souvent le temps. J'ai souvent le fantasme de m'isoler seule dans un petit chalet pendant un mois, avec une grosse pile de livres que je n'ai pas encore lus et que je crois nécessaire de lire. Nègres blancs d'Amérique de Pierre Vallières, Les autochtones ne sont pas des pandas de Réjean Morissette, la biographie de Pierre Godin sur René Lévesque...

Ce que vous avez l'intention de lire ce printemps?

Je dirai simplement encore une fois que je voudrais lire les revues 24 images et Nouveau Projet! Si je peux lire davantage, j'aimerais lire Histoire de l'accouchement dans un Québec moderne, d'Andrée Rivard. L'accouchement en général et le monde des sages-femmes sont aussi des sujets qui m'habitent énormément.