Si à peu près tout le monde a lu au moins un roman policier d'Agatha Christie, ou connaît le célèbre détective Hercule Poirot, peu de gens savent qu'elle a vécu un certain âge d'or de l'archéologie aux côtés de son deuxième mari, l'archéologue Max Mallowan. D'ailleurs, ses nombreux voyages ont inspiré son oeuvre, quand on pense aux titres Le crime de l'Orient-ExpressMort sur le Nil ou Meurtre en Mésopotamie.

L'exposition Sur les traces d'Agatha Christie entend faire découvrir cet aspect méconnu de sa vie, mêlant son oeuvre et l'archéologie dans une suite de présentations chronologique avec nulle autre qu'Agatha Christie elle-même comme guide.

«On souhaite que le visiteur puisse découvrir l'archéologie à travers les yeux d'Agatha Christie, explique Élisabeth Moreau, chargée de projet au musée Pointe-à-Callière. Nous avons même des films tournés par elle, qui sont parmi les premiers films d'archéologie. Les visiteurs auront l'occasion de voir exactement ce qu'elle a vu. 

«Elle a passé près de 30 ans, de manière intermittente, sur les chantiers de fouille, d'où l'idée de l'exposition, poursuit Élisabeth Moreau. Avec les années, on a réussi à créer des partenariats majeurs, comme celui avec le British Museum, qui nous prête beaucoup d'objets trouvés par son mari, photographiés et nettoyés par elle.»

«Elle utilisait sa crème pour le visage pour nettoyer les ivoires!»

Loin d'être une simple touriste, Agatha Christie était très impliquée sur les chantiers, souligne Mme Moreau.

«Vous saviez qu'elle était la photographe officielle des chantiers? Elle gérait une équipe de photographes locaux, elle finançait les fouilles de son mari, son rapport est plus que celui d'une simple observatrice. Les archéologues lui vouaient un grand respect. Lorsqu'elle est décédée, un célèbre journal scientifique lui a consacré une page complète.»

Respectée des archéologues et des pharmacologues, doit-on ajouter. Agatha Christie avait une passion pour les poisons, une arme de prédilection dans ses romans, un intérêt qui lui vient de son expérience comme infirmière pendant la Première Guerre mondiale... «Elle était très minutieuse, avait un grand souci du détail et de la crédibilité, elle faisait relire ses manuscrits. C'est l'une des choses qui ont fait son succès.»

Crédibilité

Ce besoin d'être crédible explique probablement pourquoi les archéologues de ses romans ne sont pas des «Indiana Jones». «Elle a toujours été très terre à terre dans sa manière de les décrire. C'étaient des gens très intellectuels, mais elle a toujours trouvé qu'ils étaient des êtres passionnants, aux premières loges de découvertes majeures, surtout les sites en Irak et en Syrie. Ils ont découvert les bases de la Mésopotamie, levé le voile sur des artefacts extraordinaires, sur l'agriculture, l'administration publique. Sur le plan de l'héritage, du patrimoine, ces sites sont à l'origine de notre civilisation.»

Grâce à un partenariat avec le British Museum, le Metropolitan Museum de New York, le Musée royal de l'Ontario et la famille d'Agatha Christie, les visiteurs pourront voir à la fois les objets personnels de l'écrivaine et des joyaux du patrimoine mondial en provenance de lieux comme Ur ou Nimroud. Des ivoires, des tablettes d'écritures cunéiformes, un buste d'Akénathon, des enregistrements sonores de la voix d'Agatha Christie et même la reconstitution d'une voiture de train de l'Orient-Express... De quoi plaire à tout le monde, ce qui a toujours été l'un des secrets du succès d'Agatha Christie.

Suggestions de lectures entourant l'expo

AUTOBIOGRAPHIES

Agatha Christie, autobiographie (1977)

Dis-moi comment tu vis (1946)

La romancière et l'archéologue (1946)

ROMANS

Le crime de l'Orient-Express (1934)

Meurtre en Mésopotamie (1936)

Mort sur le Nil (1937)

La mort n'est pas une fin (1944)