C'est «une heureuse coïncidence», assure l'écrivain à succès Ken Follett, dont le dernier ouvrage consacré à la Guerre froide vient juste de paraître au moment où l'Allemagne s'apprête à célébrer l'anniversaire des 25 ans de la chute du Mur de Berlin.

«Cela ne m'avait pas frappé jusqu'à il y a un an quand j'étais en train de parler de la promotion du livre avec mes éditeurs allemands», a déclaré mercredi le Britannique, une des vedettes de la Foire du livre de Francfort, premier rendez-vous mondial des professionnels du secteur.

«Et ils m'ont dit: «Est-ce que vous savez qu'il va y avoir une très, très grosse fête à Berlin le 9 novembre l'an prochain?»», raconte l'écrivain, 65 ans, dont les 30 livres se sont vendus à plus de 150 millions d'exemplaires dans le monde.

Débutant en 1961, Aux portes de l'éternité, le dernier opus de sa trilogie dédiée aux grands événements du XXe siècle vus au travers du prisme de cinq familles, revisite l'assassinat du président américain John Fitzgerald Kennedy, le mouvement des droits civiques aux États-Unis et surtout la chute du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989.

Le roman, qui figure parmi les meilleures ventes de la rentrée, est l'une des nombreuses sorties littéraires à braquer les projecteurs sur cet événement pivot du XXe siècle et prélude à la réunification allemande en 1990.

Mémoires politiques, fictions, bandes-dessinées ou romans photographiques, beaucoup de ces ouvrages sont présentés à Francfort, qui attend près de 300 000 visiteurs jusqu'à dimanche.

Source d'inspiration

La chute du mur continue de captiver l'imagination car elle marque une fois pour toute la fin de la Seconde Guerre mondiale, a expliqué à l'AFP l'écrivaine Fiona Rintoul, dont le premier roman, intitulé The Leipzig Affair, doit sortir le 10 novembre.

Cette fiction, dont l'intrigue se déroule en Allemagne de l'Est, de 1985 à la Chute du mur, est directement inspirée de l'expérience de l'auteur, 50 ans, qui fut elle-même étudiante à l'Université de Leipzig en 1986.

«À peu de choses près, le premier mot que j'ai appris quand je suis arrivée en Allemagne de l'Est est «Stasi»», nom de la police politique du régime communiste alors au pouvoir, se souvient Mme Rintoul.

Le récit de la vie à l'ombre du rideau de fer est également une source d'inspiration pour nombre d'auteurs allemands.

Lutz Seiler a remporté cette semaine le Prix du livre allemand 2014 avec son roman Kruso, l'histoire d'un marginal de la RDA qui échoue sur une île en mer Baltique peu avant la chute du Mur. Deux autres ouvrages sur le même thème ont déjà remporté ce prix par le passé.

«Mais ces livres sont assez différents et montrent un besoin d'adopter encore et encore de nouvelles perspectives. Tout n'a tout simplement pas été dit et tout n'a pas été sondé», souligne Johanna Links, de l'éditeur berlinois Ch. Links, fondé quelques semaines seulement après la chute du Mur et la fin de la censure.

«Ne jamais violer l'histoire»

L'intérêt pour cette période historique se manifeste sous des formes multiples à la Foire du livre de Francfort. Sur le stand de la plateforme d'autopublication epubli, des monuments allemands peints sur la carrosserie d'une Trabant, cette petite voiture typique de l'ancienne Allemagne de l'Est, attirent de nombreux curieux.

Si Ken Follett affirme apprécier la liberté de dépeindre des personnages fictifs dans son roman, il lui a néanmoins fallu passer le récit au crible d'experts pour s'assurer de la véracité historique des faits.

«Je ne viole jamais l'histoire», affirme le Britannique, qui raconte avoir assisté à ces évènements à la télévision depuis son domicile londonien, 25 ans plus tôt.

«Les Allemands, je pense, savaient que cela signifiait la fin du communisme. Nous autres, nous l'espérions, mais nous ne pouvions vraiment le croire», se souvient-t-il.