Pleins feux sur la littérature transatlantique! Le 7e Festival America accueille de jeudi à dimanche à Vincennes 65 auteurs nord-américains, dont plusieurs écrivains francophones, des stars tels Richard Ford ou Margaret Atwood, et, pour la première fois, des romanciers français.

Sous-titrée «France-Amérique du Nord», cette édition exceptionnelle permettra à 38 auteurs français (Pierre Lemaitre, Philippe Djian, Édouard Louis, Laure Adler, Frédéric Beigbeder, Maylis de Kerangal...) de confronter leurs points de vue avec une trentaine de leurs confrères et «cousins» d'Amérique à la culture riche et plurielle, toujours vibrante: celle de l'Amérique francophone.

Une histoire franco-américaine dont la genèse remonte aux années 1530 et aux premiers voyages de Jacques Cartier, fondateur de cette Nouvelle-France qui, à la fin du XVIIe siècle, s'étendait d'un bout à l'autre du continent. L'aventure s'achèvera en 1763 avec la perte du Canada puis, en 1803, avec la cession de la Louisiane aux États-Unis.

Qui sont-ils ces francophones d'Amérique? Ce sont des Québécois, bien sûr, mais aussi des Cadiens de Louisiane, des Acadiens du Nouveau-Brunswick, des écrivains de Saint-Pierre-et-Miquelon ou venus des enclaves francophones du Manitoba et de la Saskatchewan, provinces de l'Ouest du Canada, qui écrivent en français envers et contre tout. S'y ajoutent les nombreux auteurs haïtiens.

Également invitée, l'une des voix amérindiennes majeures, Rita Mestokosho, du territoire innu d'Ekuanitshit (Québec), publie en septembre Née de la pluie et de la terre (Bruno Doucey).

Les plumes anglophones seront aussi fêtées. Depuis 2012, le Festival America, qui se tient tous les deux ans, a accueilli les plus grands auteurs nord-américains, de la prix Nobel Toni Morrisson à Bret Easton Ellis, en passant par Russell Banks ou James Salter. Et continue sur sa lancée cette année.

Auteurs américains face à Amazon

Participeront ainsi à la centaine de rencontres, forums des écrivains, cafés des libraires et soirées thématiques, de très grands noms anglophones: la Canadienne Margaret Atwood, invitée d'honneur de ce 7e Festival, qui publie Maddaddam (Laffont), l'Américain Richard Ford, prix Femina 2013 pour Canada, le Canadien Joseph Boyden, auteur de Dans le grand cercle du monde ou l'Américain David Vann, prix Médicis 2010 pour Sukwan Island, qui publie en septembre Goat Mountain (Gallmeister).

Plusieurs autres invités américains sortent des romans en cette rentrée comme Robert Goolrick, Wally Lamb, Joyce Maynard ou Claire Messud.

Six écrivains participeront aussi jeudi à un débat qui s'annonce animé sur le thème «Les auteurs américains face à Amazon», lors de la journée professionnelle organisée par le magazine spécialisé Livres Hebdo.

«Cette 7e édition sera l'occasion de célébrer la richesse et la vitalité de la langue française dans les littératures nord-américaines, mais aussi la relation ancienne qui unit la France et l'Amérique du Nord», souligne Francis Geffard, organisateur de ce festival où plus de 35 000 visiteurs sont attendus, ainsi qu'une quarantaine de maisons d'édition françaises et francophones dans un grand Salon du livre.

«La France est le pays d'Europe qui a le plus rêvé d'Amérique», assure-t-il. De plus en plus d'auteurs français se tournent d'ailleurs vers ce continent, l'utilisant comme cadre, matériau romanesque ou en détournant les codes et les mythes.

Certains des invités sont emblématiques de ce lien entre la France et l'Amérique du Nord, tels le Québécois Dany Laferrière, né en Haïti et élu à l'Académie française fin 2013, ou la Canadienne Nancy Huston, née à Calgary, qui écrit indifféremment dans les deux langues et vit à Paris.

Et le Festival America 2014 démontrera, relève M. Geffard, «qu'en plus d'une histoire et d'une culture, nous avons une langue en partage» sur les deux rives de l'Atlantique.