Alors que son procès criminel devrait commencer au printemps prochain, l'ex-directeur de la FTQ-Construction Jocelyn Dupuis fera paraître dans quelques semaines Syndicalistes ou voyous?, un récit de son passage - très controversé - au sein de la plus puissante centrale syndicale du Québec.

Fruit d'une collaboration avec Richard Goyette, son bras droit, le livre de M. Dupuis contiendra «des réflexions parfois explosives» qui leur permettra - à son collègue et lui- «d'être enfin entendus», promet l'éditeur. L'ouvrage de presque 300 pages est d'ailleurs sous-titré «Crime et bâtiment».

«Je suis certain que vous allez être très intéressé. Vous ne vous arrêterez pas après une couple de pages. Vous allez vous rendre jusqu'à la dernière, j'en suis convaincu», a affirmé Jocelyn Dupuis en entrevue avec La Presse.

Sur son site internet, l'éditeur affirme que «dans cet ouvrage, tout est évoqué avec franchise», notamment les «allégations de fraude financière» et les «relations douteuses» de la FTQ-Construction.

Mais en entrevue, M. Dupuis se fait beaucoup plus mystérieux. Il n'a pas voulu dire s'il sortira des squelettes du placard du président de la FTQ Michel Arsenault, sur la sellette ces jours-ci. Pas un mot non plus sur la possibilité que le livre fasse des liens entre la FTQ et le crime organisé.

Le syndicaliste a toutefois confirmé que le texte porterait sur toutes ses années de travail syndical jusqu'à sa démission dans la controverse, en 2009.

Les faits du procès évités

Autre certitude: Jocelyn Dupuis a indiqué que son livre ne toucherait pas aux faits qui lui sont reprochés dans le cadre de son procès criminel pour fraude.

«On a été très prudents là-dessus, a assuré Jocelyn Dupuis. La "situation", je vais en parler quand ce sera le temps. [...] Je ne brûlerai pas la chandelle là-dessus. Mon procès, c'est une chose et le livre, c'est une autre affaire.»

La Couronne lui reproche de s'être approprié 125 000$ en factures non conformes grâce à ses comptes de frais à la FTQ-Construction. Les faits allégués remonteraient à 2007-2008.

Le tribunal a déjà conclu une enquête préliminaire dans ce dossier et a rejeté une requête en arrêt des procédures pour délais exagérés.

Interférence

En entrevue, Jocelyn Dupuis a indiqué ne pas croire que la publication de son livre puisse donner un coup de main à la Couronne dans son procès.

Joint par La Presse, son nouvel avocat a indiqué qu'il ne savait «pas ce qu'il y a dans le livre». Jean-Daniel Debkoski a ajouté qu'il ne savait pas non plus à quelle date l'ouvrage serait publié.

Celui qui le défendait auparavant, Robert LaHaye, a assuré qu'il n'avait pas quitté le dossier à cause du projet littéraire de son client, mais bien en raison d'une divergence de points de vue avec lui.

Jean-Claude Hébert, avocat criminaliste réputé, a affirmé à La Presse qu'il était «toujours périlleux» pour un accusé au criminel de publier un livre alors que son procès est imminent. Ses propos pourraient très bien être utilisés contre lui par la Couronne, a-t-il indiqué.

«Ça peut aussi, théoriquement, donner une ouverture pour de nouvelles accusations», a prévenu le criminaliste.