Le prix Nobel de littérature 2012 Mo Yan, dont certaines oeuvres évoquent des atrocités commises par le régime communiste chinois, a déclaré que c'est le devoir d'un écrivain de mettre en lumière les questions politiques et sociales.

Dans son dernier roman, Grenouilles, publié en chinois en 2009, Mo Yan jette par exemple un regard acerbe sur la politique de l'enfant unique et sa mise en oeuvre par des responsables locaux à coups de stérilisations et d'avortements forcés.

«Parce qu'un écrivain fait partie de la société, la vie qu'il décrit inclut la politique et toute une série de problèmes sociaux», a déclaré Mo Yan à des journalistes chinois jeudi soir après l'annonce du prix.

«Un écrivain qui s'intéresse à la société, auquel les souffrances des gens tiennent à coeur, doit évidemment être critique», poursuit Mo dans cette interview postée sur le site internet du Dazhong Ribao, un quotidien de sa province natale du Shandong.

«La critique est une fonction importante de la littérature. Bien sûr la vérité, la bonté et la beauté comptent également», selon le prix Nobel âgé de 57 ans, qui est membre du Parti communiste et vice-président l'Association (officielle) des écrivains chinois.

Le dissident chinois Wei Jingsheng, considéré comme le «père» du mouvement chinois pro-démocratie, a critiqué jeudi aux États-Unis l'attribution du prix Nobel à Mo Yan pour son manque de soutien à des auteurs dissidents et pour avoir copié à la main une partie d'un discours de Mao Tsé-toung au cours d'un évènement officiel en mai dernier.

Dans ce discours datant de 1942, le fondateur de la République populaire affirmait que les écrivains et artistes devaient être au service du Parti.