La petite maison d'édition Les Allusifs a déclaré faillite la semaine dernière, mais l'esprit qui l'animait depuis sa fondation par Brigitte Bouchard pourrait bientôt mener à la création ou à la relance de deux maisons du même type.

Depuis 2001, Les Allusifs publiaient, au rythme d'une dizaine par année, des romans d'auteurs tels le Gréco-montréalais Pan Bouyoucas et le chanteur Daniel Bélanger, mais surtout des traductions de (courts) romans étrangers, dont les trois quarts étaient écoulés en Europe. En 2010, devant l'ampleur des dettes de sa maison, Brigitte Bouchard en cédait le contrôle (55%) à Leméac, qui n'a pu redresser la barque. Brigitte Bouchard a quitté l'entreprise le printemps dernier.

Jointe la semaine dernière à Paris, Mme Bouchard a d'abord nié qu'un train de vie somptuaire, suggéré par certains, ait pu être la cause de la débandade: «À Paris, j'habitais chez ma soeur», a-t-elle dit. Au début de l'année, Brigitte Bouchard croyait avoir trouvé un repreneur qui aurait réglé les dettes de plus de 700 000$ envers auteurs et fournisseurs, mais les négociations ont achoppé. «Je crois toujours en mon projet éditorial et je vais repartir avec quelqu'un qui s'occupera de l'aspect administratif et financier, qui n'est pas ma force», dira encore Brigitte Bouchard, soulignant que plusieurs auteurs des Allusifs lui avaient déjà confirmé qu'ils la suivraient. L'éditrice, dont le flair «littéraire» est reconnu par tout le milieu, affirme par ailleurs avoir beaucoup appris au contact de Lise Bergevin, présidente de Leméac, à l'égard de qui elle dit n'entretenir aucune animosité.

«Brigitte Bouchard est l'une des trois meilleures éditrices de Montréal», a pour sa part affirmé Mme Bergevin, en répétant que le projet éditorial de son ancienne associée est «toujours viable» et qu'une fois la faillite réglée, Leméac travaillera à le relancer, «à partir de Montréal et sur des bases solides».