Les cinémas font le plein, les libraires se frottent les mains: le succès des Aventures de Tintin de Steven Spielberg a redonné une nouvelle jeunesse aux albums BD en Europe et les éditeurs espèrent que cet engouement se propagera à l'Asie et aux Etats-Unis.

L'impact du film ne s'est pas fait attendre. En octobre, les ventes des albums en français ont doublé, à environ 200 000 contre 100 000 en moyenne pour un bon mois, selon les premiers chiffres donnés par Casterman, l'éditeur historique des aventures du petit reporter.

«Le film a enclenché une bonne dynamique commerciale. Les retours des libraires sont très positifs», a déclaré à l'AFP Simon Casterman, le directeur commercial de la maison d'édition d'origine belge.

Sans surprise, les albums qui se vendent le mieux sont Le secret de la Licorne, Le trésor de Rackham le Rouge et Le crabe aux pinces d'or, sur lesquels Steven Spielberg a construit son scénario.

Mais l'engouement profite également aux 20 autres albums, dont Tintin au Congo et Tintin en Amérique, traditionnellement les plus prisés.

«Le phénomène le plus intéressant est que le film a remis Tintin dans les mains des enfants», se félicite Simon Casterman.

Une fois le film vu, de nombreux jeunes spectateurs ont en effet voulu se plonger dans les albums que possédaient leurs parents ou que ces derniers se sont empressés de leur acheter.

La série a bénéficié de l'énorme tapage promotionnel ayant accompagné la sortie du long métrage de Spielberg, qui fait depuis un carton en France et Belgique, les deux pays les plus «tintinophiles». Plus de quatre millions d'entrées ont été enregistrées en deux semaines en France et plus de 600 000 dans le royaume, selon les exploitants de salle.

Le succès est également au rendez-vous en Allemagne et en Espagne, où le petit reporter est populaire depuis longtemps, mais aussi en Italie, qui connaissait mal Tintin.

Le film devrait permettre, à terme, à Casterman, qui détient les droits mondiaux, d'élargir le nombre de langues dans lesquelles parle Tintin, dont les albums se déclinent en 77 langues (48 étrangères et 29 régionales).

Les espoirs se portent sur l'Asie, notamment en Inde où le jeune Belge s'exprime en anglais, en hindi et en bengali en attendant d'autres dialectes. La série d'albums a également été totalement relancée en chinois et en indonésien ces dernières années.

«Depuis 2008, nous avons vendu 165 000 albums à 45 000 roupies (environ 5,50 dollars CAN) l'unité», indique Dini Pandia, de la maison d'édition Gramedia à Jakarta.

Même s'il est européen, «Tintin attire les enfants indonésiens car il a une dimension fortement humaine. Il peut ainsi pleurer après la mort d'un proche, ce qui n'existe pas dans les BD actuelles, peu sentimentales et dominées par les robots», explique-t-elle.

Tintin espère aussi conquérir l'Amérique du Nord, où le film sort en grande pompe le 9 décembre en français au Québec, puis l'avant-veille de Noël aux États-Unis.

Pour attirer les lecteurs américains, Tintin est lancé dans des albums de format réduit avec des couvertures colorées et un cahier spécial replaçant ses aventures dans le contexte historique.

Bon an mal an, Tintin représente 10 à 15% du chiffre d'affaires annuel de Casterman, indique Simon Casterman. Il réussit à demeurer «parmi les meilleures séries de BD, au coude-à-coude avec Astérix, alors que son dernier album remonte à 1978, Hergé ayant exclu que son oeuvre soit poursuivie après sa mort» en 1983, précise-t-il.