Quand elle avait 11 ans, Geneviève Whitlock s'est mise à écrire un roman fantastique. Elle était passionnée par les mondes imaginaires et elle avait besoin d'oublier les difficultés de sa propre vie, avec une mère à Rosemont et un père à Aylmer qu'elle ne voyait qu'une fin de semaine sur deux.

Neuf ans plus tard, voilà qu'elle est devenue une romancière de plein droit, avec deux livres d'une trilogie, Asapmy, qui ont été publiés l'an dernier et cette année. Sa persévérance au cours de l'adolescence, qui lui a permis de retravailler son idée, a porté ses fruits.

«L'année 2001 était très riche en merveilleux», se rappelle Mme Whitlock, en entrevue d'Aylmer, où elle enseigne le théâtre en parascolaire dans une école secondaire. «Il y avait la série Harry Potter, qui me fascinait, et aussi Les chroniques de Narnia. J'avais encore un pied dans l'enfance, dans les jeux avec les amies. J'ai écrit le premier tome de la trilogie en moins d'un an, quand j'avais 11 ans. Beaucoup de jeunes écrivent, mais ce n'est pas tout le monde qui parvient à garder l'idée jusqu'au bout. Je n'ai pas décroché.»

En 2009, le premier tome avait assez mûri pour être envoyé à des éditeurs. Après quelques semaines, Fidès a rappelé. Le succès a été immédiat et Mme Whitlock écrit maintenant les troisième et quatrième tomes, en marge d'études à l'UQAM en littérature. Elle a fait son cégep en art dramatique.

«Durant toute mon adolescence, j'ai vu la montée en popularité du fantastique, dit la jeune auteure. Le genre était tellement masculin, au départ, que pour avoir un public plus large, les auteurs et les éditeurs n'ont pas eu le choix d'inclure des personnages féminins.»

Asapmy met en scène un monde où s'affrontent les Asaps et les Gnomes, qui sont à la source d'une épidémie frappant le royaume d'Asap. Les héroïnes asaps sont la princesse Moraggen et son amie Elsabeth.

«Mon modèle de base est la princesse de Disney, mais je voulais qu'elle soit capable de se défendre. C'est un idéal que j'avais étant enfant. Les personnages ont grandi avec moi, mais à part. Ils ont chacun développé leur propre psychologie. Je ne décide pas spontanément de leurs actions. Pour moi, la manière d'agir de chaque personnage est devenue évidente, comme si c'était un frère ou un ami.»

La vie entre Rosemont et Aylmer a-t-elle eu un impact sur le processus créatif? «À 11 ans, j'étais certainement beaucoup plus touchée par la séparation de mes parents. L'écriture était une échappatoire. Je me suis jetée dans la création pour construire quelque chose au lieu de me laisser aller. Mon univers réel n'était pas aussi merveilleux que ce que je voulais. Dieu sait si les adolescents sont experts pour se créer des problèmes.»

A-t-elle hérité la passion de la lecture de ses parents? «Pas spécialement. Mes parents lisent, mais ils ne sont pas de très grands lecteurs. Après la séparation, j'ai commencé à lire Harry Potter. Ça m'a donné la possibilité de m'échapper.» Son père est réparateur d'ordinateurs, sa mère, secrétaire juridique, et elle, enfant unique.

Après le quatrième tome d'Asapmy, elle envisage de délaisser la littérature jeunesse. «J'aimerais un projet complètement différent, un univers un peu plus moderne, mais toujours fantastique.»

Qu'est-ce qui se trouve sur sa table de chevet? «La cerisaie de Tchekhov, pour l'école.» Le dernier livre qu'elle a lu pour le plaisir était La horde du contrevent, d'Alain d'Amasio, «de la fantasy française de très haut niveau».

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Asapmy, tomes 1 et 2, Geneviève Whitlock, Fidès