Pateaugeant quotidiennement dans la fantaisie et le surréalisme, Marc Labrèche ne sent pas le besoin de lire des livres «pétés»: «Je suis un lecteur assez conventionnel», a candidement avoué le comédien hier midi, au cours d'un entretien avec Guy Berthiaume, PDG de Bibliothèque et Archives nationales du Québec. À la foule attentive qui emplissait l'auditorium de la Grande Bibliothèque, l'ancien animateur de 3600 secondes d'extase a parlé de ses lectures et de ses livres avec la passion et l'intelligence qu'on lui connaît, sans le moindre cabotinage même si l'entertainer n'est jamais loin. Une belle heure sans lunch.

Marc Labrèche garde peu de livres: une fois lus, il les donne: le livre doit circuler. Pas d'étalage de beaux livres non plus, «dans la grosse table de salon avec la vitre»... Cet ancien élève des Clercs de Saint-Viateur a développé une relation physique particulière avec le livre-objet: quand il est «vraiment entré dedans», vers la 100e page, il le «casse» en l'ouvrant complètement, comme pour en prendre pleine possession.

Discipliné comme doivent l'être les gens de télévision, Marc Labrèche avait fourni à son hôte une liste de 10 livres qui en ont fait «l'homme qu'il est». Dans le temps, ils vont du Misanthrope de Molière (1666) à La route de Cormac McCarthy (2006). Dans cette liste éclectique, deux autres pièces de théâtre - Caligula de Camus et Lorenzacio d'Alfred de Musset chez qui Labrèche apprécie le romantisme «déchu, mais animé» - et deux ouvrages initiatiques de Hermann Hesse (Siddharta et Le Jeu des perles de verre) qui le conduiront éventuellement en Inde auprès des swami. Aussi dans La bibliothèque de Marc Labrèche (l'entretien sera diffusé au Canal Savoir à compter du 7 juin): l'anthologie L'Allemagne fantastique, Dracula, Les piliers de la terre de Ken Follett et Comment je suis devenu stupide de Martin Page dont il essaye de tirer un scénario de film. Pas facile...