Le festival littéraire Metropolis bleu, qui commence aujourd'hui, offre depuis quatre ans un volet pour enfants très relevé. C'est le cas encore cette année: spectacles littéraires, rencontres et ateliers avec des auteurs jeunesse sont au menu jusqu'à dimanche. On y présentera aussi une exposition consacrée aux illustrateurs, qui font souvent des livres pour les petits de véritables oeuvres d'art. Organisée par Communication-Jeunesse (pour le volet littéraire) et Illustration-Québec (pour le volet illustration), l'expo Sur le bout de la langue montre bien comment le travail des illustrateurs est une véritable valeur ajoutée aux livres pour enfants.

«La littérature jeunesse est ce qu'il y a de plus intéressant pour un illustrateur, parce que ça permet de créer un univers au complet, explique le directeur général d'Illustration-Québec, Nicolas Trost. Ça donne une grande liberté de création et beaucoup de créativité, parce qu'il faut lire entre les lignes, aller plus loin que le texte.» Mais c'est aussi un travail de collaboration, et c'est dans cette optique que les illustrations exposées ont été sélectionnées. «Nous avons choisi les livres qui intégraient le mieux les deux aspects», explique-t-il.

C'est un comité de spécialistes qui a puisé dans 40 ans d'illustration pour en extraire la dizaine d'exemples qu'on retrouve sur les tableaux explicatifs de l'exposition. «Nous avons choisi 10 illustrateurs qui représentent 10 esthétiques différentes en partant d'une thématique, la langue française, explique la directrice générale de Communication-Jeunesse, Johanne Gaudet. Recueils de poèmes, comptines, abécédaires, devinettes: les livres de Jennifer Couëlle, d'Henriette Major ou de François Gravel ont ceci en commun qu'ils jouent avec les mots et explorent le langage. «C'est intéressant de voir comment quelqu'un va illustrer, par exemple, la phrase «Vénus Vachon au volant de son cheval», et comment ça donnera d'autres pistes de lecture, complètement inattendues», souligne Mme Gaudet, qui croit que le travail d'un illustrateur est celui «d'un artiste qui ajoute sa plume à la plume d'un autre».

Les pionniers comme Philippe Béha et Roger Paré et des valeurs sûres comme Céline Malépart et Virginie Egger montrent non seulement l'étendue de leur talent, mais aussi qu'il existe une touche québécoise et que les illustrateurs d'ici se démarquent clairement. Selon Nicolas Trost, il y a une réelle effervescence dans le milieu de l'illustration depuis 20 ans. «Chaque année, ce sont des Québécois qui remportent le prix du Gouverneur général pour les meilleures illustrations, même chose pour le prix TD, note-t-il. Il y a un style très années 80 qui marche encore aux États-Unis, par exemple, mais au Québec, on est vraiment rendus plus loin.» C'est ce que note aussi Johanne Gaudet, et c'est ce qui fait la force des illustrateurs québécois, estime-t-elle. «Chacun a son propre style reconnaissable, tous les matériaux sont utilisés. Mais il n'y a pas d'école de pensée, sauf celle d'une grande liberté et de l'audace. Ils ne font pas de copier-coller avec le texte, ils ne le prennent pas au mot.»

75 activités pour enfants

L'exposition, qui s'adresse autant aux enfants qu'à leurs parents, est appelée à voyager et a été conçue pour être présentée dans des lieux publics tels des bibliothèques et des écoles. «Nous prévoyons qu'elle parte en tournée pendant trois ans, à compter de la prochaine rentrée scolaire», souligne Mme Gaudet. Le Festival des enfants Metropolis bleu s'associera à cette tournée, comme il s'est joint au projet. «Nous avions approché Illustration-Québec pour un projet semblable, et ils nous ont dit qu'ils avaient déjà quelque chose en branle avec Communication-Jeunesse. C'est un honneur pour nous de les inclure dans la programmation», explique la coordonnatrice Julie Groleau.

La programmation du volet enfants de Metropolis bleu est par ailleurs de plus en plus consistante: de 39 activités lors de sa première présentation il y a quatre ans, il en compte maintenant 75 et rayonne dans tous les quartiers de Montréal. L'an dernier, 5000 jeunes y ont participé. «Il y a vraiment une réponse favorable et on grossit à une vitesse incroyable, note Julie Groleau. Il y a beaucoup de groupes scolaires, c'est vrai, mais il y a aussi une grande demande des familles qui veulent faire quelque chose de différent pendant le week-end.»

En quatre ans, les organisateurs ont constaté que les jeunes aiment leurs auteurs, qu'ils les connaissent et les suivent, dit Julie Groleau. «Au Met bleu, on attire les gens avec des vedettes de la littérature internationale. Mais pour les enfants, les vedettes, ce sont les auteurs d'ici, et ils leur sont très fidèles.»

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L'exposition Sur le bout de la langue est présentée jusqu'à samedi à l'Illustre Galerie, 372, rue Sainte-Catherine Ouest, local 123.



Nos suggestions


C'est ce soir que s'ouvre le Festival Metropolis bleu qui, comme chaque année, ratisse large - et dans les deux langues officielles - dans le monde littéraire. Voici ce qui a retenu notre attention pour aujourd'hui.

> Ouvrez-nous votre bibliothèque, 17 h, Holiday Inn Centre-ville

Discussion entre des auteurs qui parlent de leurs lectures et des livres qui sont sur leurs tablettes pour y rester. Avec Danielle Laurin, Bernard Quiriny, Ghila Sroka et Évelyne Trouillot. En français.

> L'univers de Bernhard Schlink, 19 h 30, Auditorium de la Grande bibliothèque

De la visite rare: l'auteur du Liseur passe par Montréal pour rencontrer le public québécois, parler de son oeuvre et faire une séance de signature. En allemand avec traduction simultanée.

> Linda Leith and the story of Blue Metropolis, Holiday Inn

La fondatrice du festival, qui l'a aussi dirigé pendant 10 ans, vient parler de littérature anglo-québécoise et de son plus récent livre consacré à l'histoire littéraire, Writing in the Time of Nationalism. En anglais.

Pour la programmation complète du Metropolis bleu et du Festival pour enfants Metropolis bleu : metropolisbleu.org

Photo: fournie par Illustration-Québec

Texte et illustration d'Isabelle Beaudin tirée du livre Abécédaire de Antonio à Zéphirin.