L'ex-compagne de Stieg Larsson, l'auteur de Millénium, décrypte pour la première fois dans un livre la genèse de la trilogie suédoise vendue à plus de 45 millions d'exemplaires et son combat pour récupérer une partie de son héritage. Sa dernière arme: le 4e tome de la saga.

L'ouvrage d'Eva Gabrielsson, Millénium Stieg et moi, écrit en collaboration avec la journaliste française Marie-Françoise Colombani, paraîtra simultanément en France, Suède et Norvège le 19 janvier puis, un peu plus tard, dans de nombreux autres pays dont les États-Unis.

Eva Gabrielsson, qui a partagé pendant trente-deux ans la vie et les engagements politiques de Stieg Larsson, mort brutalement à 50 ans d'une crise cardiaque le 9 novembre 2004, «ne se bat pas pour récupérer de l'argent mais pour obtenir le droit moral sur Millénium et tous les textes politiques de son compagnon», assure à l'AFP son éditeur français Actes Sud.

Au coeur de ce combat, le fameux 4e tome inachevé de Millénium sur lequel elle lève un peu le voile. Tapi dans l'ordinateur de Stieg Larsson, il comporte un peu plus de 200 pages, dit-elle.

«Je suis capable de le terminer (...) Stieg et moi avons souvent écrit ensemble», assure Eva, mais elle souhaite le faire en toute légalité en obtenant la gestion du droit moral de l'oeuvre de Stieg. «Les Larsson ont dit non», déplore-t-elle. «Je vais continuer» le combat.

«Je n'ai pas l'intention de raconter ici la trame du quatrième tome», prévient-elle. «En revanche, j'ai envie de dire que Lisbeth (Salander, la pirate informatique) se libère peu à peu de ses fantômes et de ses ennemis», glisse Eva.

«Je me bats pour lui, pour moi, pour vous», dit-elle au lecteur.

À l'instar des héros de Millénium, Mikael Blomkvist et Lisbeth Salander, Stieg Larsson a lutté pendant toute sa carrière de journaliste contre l'extrême droite et le racisme, au côté de sa compagne, architecte.

Face aux menaces de mort, Stieg et Eva ne se sont jamais mariés, pour être moins facilement «pistés» par les néo nazis, raconte-t-elle. L'écrivain n'avait pas non plus laissé de testament. Aux termes de la loi suédoise, son héritage et donc ses droits d'auteur sont revenus à son père et son frère.

Mme Gabrielsson a refusé en juin 2010 les 2,1 millions d'euros proposés en conciliation par la famille Larsson ainsi qu'une place au conseil d'administration de la société qui gère les droits des oeuvres de l'écrivain.

Elle dénonce dans son livre «l'industrie et la marque Stieg Larsson» qui ont éclos depuis le fabuleux succès de Millénium (plus de 3,6 millions d'exemplaires en France), et «ne veut pas voir fleurir des mugs et autres produits dérivés estampillés «Millénium» mais que l'on respecte le «vrai» Stieg», relève son éditeur.

Dans son ouvrage, elle raconte leur enfance, leur rencontre, leur amour, leur vie commune et leurs combats, en particulier au sein du journal Expo, qu'il avait créé en 1995 face à la montée de l'extrême droite en Suède.

Deux chapitres passionnants pour les fans de la série livrent toutes les clés des personnages, adresses et aventures de Millénium et font écho à la vie de Stieg et Eva.

De quoi attendre, pour les «accros» de la saga, la sortie fin 2011 de la nouvelle adaptation cinématographique de Millénium, en cours de tournage par l'Américain David Fincher. C'est Daniel Craig qui interprétera Mikael Blomkvist.