Le 33e Salon du livre de Montréal, ce «livre ouvert sur le XXIe siècle», s'est terminé hier sur un record d'affluence: 124 500 visiteurs dont 18 000 écoliers accueillis gratuitement depuis l'ouverture, mercredi. Plus grande manifestation du genre en Amérique du Nord, le SLM a reçu cette année plus de 950 exposants - québécois, canadiens et européens - et 1400 auteurs en séances de signature.

«Les exposants sont heureux, les auteurs aussi... C'est définitivement le Salon le plus harmonieux que j'ai vécu», nous dira Francine Bois qui, de sa discrète efficacité, a supervisé les 26 derniers SLM en qualité de directrice générale.

Chacune à leur façon, les deux nouveautés de cette année ont atteint leur but. Haïti Solidarité, d'abord, a permis à des centaines de visiteurs de rencontrer des auteurs haïtiens, de découvrir la littérature et l'histoire de ce pays. L'auteur et éditeur Rodney Saint-Éloi a vu défiler des milliers de personnes depuis mercredi au stand de sa maison, Mémoire d'encrier, siège de l'activité: «Nous voulions transcender l'actualité, souvent douloureuse, pour faire connaître Haïti et ses créateurs. Et nous avons réussi: 70 % des gens qui sont venus nous voir n'étaient pas des Haïtiens.»

L'autre nouveauté se trouvait dans le stand à occupation multiple voué au livre électronique. «Le stand était petit mais complet», note Francine Bois en soulignant par ailleurs l'apport «extraordinaire» de Radio-Canada qui a mis au service du Salon toute la puissance de diffusion de son trio radio-télévision-web.

Le printemps dernier, au Salon du livre de Québec, les visiteurs s'attardaient aux lecteurs de livrels et à leur fonctionnement, nous a expliqué Catherine Houle de la firme DeMarque qui a conçu «l'entrepôt numérique» de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL). «Ici, on a vite manqué de dépliants sur les technologies», dira pour sa part sa collègue Martine Rioux. «Mais les gens voulaient surtout savoir où trouver des livres électroniques québécois.»

Deux groupes importants, par ailleurs, ont profité du Salon pour annoncer des nouvelles «numériques». Prologue, qui représente plus de 200 éditeurs (Michel Brûlé, Gründ, etc.), a ouvert son entrepôt de diffusion et de distribution de livres numériques conçu par Vortex Solution (www.prologuenumerique.ca). L'éditeur Québec Amérique et NuBook, de leur côté, ont annoncé la création d'une «librairie pour iPad donnant accès à un riche catalogue d'ouvrages de référence visuelle par le biais d'un lecteur adapté».

Pour l'heure, le programme Lecture en cadeau en est encore au livre-objet... et fera encore des milliers d'heureux. Les visiteurs du Salon ont remis aux bénévoles de Lecture en cadeau près de 2800 livres neufs (le record est de 3219), merveilleux objets de plaisir et de découverte pour 30 000 enfants défavorisés qui les recevront en mai prochain (voir www.fondationalphabetisation.org).

Finalement, les bénévoles du programme Livres comme l'air ont recueilli quelque 6500 signatures pour chacune des 10 pétitions réclamant la libération d'autant d'écrivains emprisonnés un peu partout dans le monde pour leurs opinions politiques. Un bon score malgré la position du stand de Livres comme l'air sur un palier intermédiaire entre l'entrée et le grand hall du Salon. «La présence d'un Prix Nobel de la paix parmi les écrivains emprisonnés attise certainement l'intérêt des gens», admet Anne Sainte-Marie. La militante d'Amnistie internationale faisait référence à l'écrivain chinois Liu Xiaobo, lauréat du Nobel condamné le 25 décembre 2009 à 11 ans d'emprisonnement pour «incitation à la subversion du pouvoir de l'État».