Qu'est-ce que ça donne, la rencontre du trait délicat de Pascal Girard et de l'univers romantique d'Yves Pelletier? Une jolie bédé, intitulée Valentin, aux éditions La Pastèque.

C'est au festival du court métrage de Chicoutimi qu'Yves Pelletier et Pascal Girard ont fait connaissance. L'ex-RBO devenu cinéaste (Les aimants, Le baiser du barbu) avait louangé la bédé Nicolas de Pascal dans une émission de télé. Celui-ci voulait le remercier. Deux ans plus tard, paraît aujourd'hui Valentin, d'après un scénario d'Yves Pelletier. Un bel album, dans la lignée des graphic novels. Une tendre histoire de chassés-croisés amoureux reliés par un chat, le tout rendu par le dessin faussement naïf de Pascal Girard enjolivé par l'aquarelle, qui n'est pas sans rappeler la grâce de Sempé.

«C'est la version féminine du Baiser du barbu, note Yves Pelletier. Dans le film, c'était un gars qui s'émancipait grâce à une barbe, ici, c'est une fille qui s'émancipe grâce à un chat.»

Conscient de nager dans les mêmes eaux, Yves Pelletier a préféré participer à ce projet plutôt que d'en faire un scénario de film. Mais c'est un véritable scénario qu'il a écrit pour le bédéiste, qui en a fait le découpage. «J'aime son niveau sémantique, confie Pascal Girard. C'est émouvant, mignon, mais en même temps plein d'humanité. Quand j'ai vu Les aimants, la première fois, j'ai été surpris. Cela convient bien à mon univers. Je ne suis pas certain que j'aurais accepté avec un scénario de science-fiction...»

L'histoire? Celle d'une lutte de pouvoir au sein d'un couple. Elle veut des enfants, il n'en veut pas. Soudain arrive un chat dont la fille s'entiche follement, même si le chum est allergique. «Ce sont souvent des choses anodines qui révèlent les tensions latentes dans un couple, note Yves Pelletier. Le chat sert de catalyseur.» «Je me suis inspiré d'un de mes chats, en plus mince», note Pascal Girard en riant.

Rêve d'enfance

Ils ont travaillé à temps perdu par courriels, ont ajusté le projet au fur et à mesure et se sont entendus à merveille. «Je recevais les esquisses à 17 h, c'était mon cadeau de fin de journée», se rappelle Yves Pelletier. Avec Pascal Girard, l'ex-RBO, un fana de bédé, réalise un rêve d'enfance: participer au Salon du livre de Montréal comme invité. Car depuis longtemps, il pourchasse les autographes des bédéistes - il est très fier de la signature de Reiser.

Enfin, cette nouvelle expérience qui s'ajoute à son arc s'est faite dans une simplicité extrême, par rapport à la lourdeur du processus cinématographique.

Il est d'ailleurs en écriture pour un troisième long métrage et une série télé.

Quant à Pascal Girard, qui ne faisait pas de bédé il y a cinq ans, il a le vent dans les voiles. Après avoir collaboré avec Stéphane Dompierre pour la série humoristique «Jeune auteur», le voilà avec Yves Pelletier. Il sera bientôt édité en France chez Delcourt et il sera en résidence d'artiste à Angoulême en janvier. Il travaille à une «comédie pathétique» inspirée de son conventum d'école secondaire... Le bédéiste estime qu'il récolte un peu ce que les créateurs québécois et les éditeurs ont semé avant lui, en nommant Jimmy Beaulieu et Michel Rabagliati. Raconter des histoires, c'est ce qui l'inspire.

Est-ce qu'il y aura une suite à cette collaboration? Les deux gars se regardent en haussant les épaules. «Je n'ai pas de plan de carrière, c'est un projet à la fois», dit Pascal Girard. «Nous avons chacun nos projets, mais on ne sait jamais», dit Yves Pelletier.

De toute évidence, ils veulent conserver ce confort et cette liberté qui ont permis la naissance de Valentin.

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Pascal Girard et Yves Pelletier seront au Salon du livre de Montréal aujourd'hui, samedi et dimanche, au stand de La Pastèque.