Imaginer, puis rédiger un roman qui se déroule dans le monde financier n'est pas à la portée de toutes les plumes : les manipulations boursières ne sont pas toujours faciles à expliquer, ni à rendre intéressantes pour le lecteur moyen. Cela n'a pas fait reculer Adam Haslett, qui réussit un morceau de bravoure avec son premier roman L' intrusion. Le centre de l'action se déroule dans la région de Boston, en 2002, période où les Bourses s'apprêtent à vivre l'éclatement de la bulle techno.

Doug Fanning est un ancien militaire qui s'est vite reconverti en requin de la finance. Il dirige la filiale de valeurs mobilières d'Union Atlantic, quatrième banque américaine. Sur la base d'un tuyau obtenu sur l'oreiller par un de ses amis traders à Tokyo, il achète à découvert des contrats à terme pour plusieurs milliards avec l'appui tacite de son président.

 

Pour lui, tout est bon du moment qu'on gagne.

En même temps, il se fait construire un manoir opulent, adjacent à une vieille maison décrépite où vit depuis sa naissance Charlotte Graves, une retraitée démocrate qui est aussi la soeur aînée de Henry, président de la Réserve fédérale de New York.

Charlotte donne aussi des leçons particulières à Nate qui deviendra vite l'amant de Doug.

L'intrusion n'est pas un thriller malgré un suspense bien tenu. C'est avant tout un roman sur les moeurs d'une bourgeoisie mercantile et cupide, sans scrupule aucun. L'auteur met aussi en scène les modestes gens qui les entourent, en particulier au cours d'une loufoque garden-party du 4 juillet, organisée par l'épouse du président de la banque.

L'INTRUSION

ADAM HASLETT, TRADUIT PAR LAURENCE VIALLET.

GALLIMARD. PARIS 2010. 363 PAGES.

****