R.J. Ellory est un singulier personnage. Photographe et musicien, il est un boulimique de bonnes séries télés et un éloquent ambassadeur de sa ville natale, Birmingham. «C'est une ville industrielle mal comprise. Il y a plus de canaux qu'à Venise. Depuis quelques années, de brillants architectes transforment les vieux entrepôts en appartements», évoque le loquace lauréat «hors Québec» du Prix des libraires.

Il s'agit d'une toute première visite à Montréal, pour l'auteur de Vendetta, son second roman publié en langue française (après Seul le silence, en 2009.)

Or, cette histoire d'enlèvement impliquant la fille d'un membre du gouvernement et l'assassinat d'un garde du corps n'est pas tout à fait fraîche, dans l'esprit de R.J. Ellory. Fort du succès de Seul le silence, l'éditeur français Sonatine a décidé de publier ce roman publié en Angleterre en 2005.

Il est encore question du sud des États-Unis que R.J. Ellory a imaginé bien avant de traverser l'Atlantique. Celui qui, dans Vendetta dépeint la Nouvelle-Orléans des Mardis gras, de l'époque coloniale, des étés torrides, des influences espagnoles, françaises, créoles et haïtiennes, n'a toujours pas foulé le sol de la Big Easy.

«Je veux y aller, bien sûr, mais jusqu'à maintenant, je n'ai pas eu le temps ou l'argent. Pendant que j'écrivais Vendetta, je travaillais à temps plein pour un organisme de charité. J'étais sans le sou et incroyablement endetté. Dans les années 80 et 90, mes tentatives de publier mes romans m'ont coûté l'équivalent de 60 000 livres. Tout cela a été payé par des cartes de crédit que je ne pouvais pas rembourser», confie celui qui, ces jours-ci, hésite entre l'Irlande, la France et l'État de New York, comme prochaines terres d'accueil.

Mais tout se passe dans l'imaginaire, avec R.J. Ellory, qui avant tout veut toucher les lecteurs, tout comme lui a été marqué par les James Stewart, James Cagney, Kojak, Mission Impossible et Starsky and Hutch de son enfance. La persévérance est sans doute la principale qualité de ce disciple de Stephen King, qui s'est vu refuser ses 22 premiers manuscrits avant de finalement publier Candlemoth, en 2003.

«Je suis né en Angleterre en 1965, à une époque où 80 % du contenu des médias britanniques étaient américains. Les gangsters américains de mon enfance étaient plus cools que ceux de Ian Rankin qui buvaient du thé et s'envoyaient promener», relate le sympathique écrivain qui a connu l'orphelinat, la prison, «un endettement presque suicidaire» et, depuis peu, un succès littéraire retentissant.

Le bien, le mal et le corrompu...

«Je n'écris pas parce que je désire être important ou célèbre ni parce que je veux faire de l'argent. J'écris parce que je ne peux pas faire autrement et aussi, parce que je suis un peu cinglé», lâche R.J. Ellory, qui se révèle un interlocuteur vif, complexe et intrigant.

L'auteur de Vendetta, c'est clair, est un être qui a vu neiger et ne craint aucun démon. «Je ne crois pas écrire des thrillers conventionnels. Si j'ai choisi d'écrire sur le crime, c'est parce que j'aime placer des gens ordinaires dans des circonstances extraordinaires. Cela me permet ensuite de dépeindre un vaste registre d'émotions. J'essaie de créer des personnages réels, auxquels peuvent s'identifier les lecteurs, du moins jusqu'à un certain point», ajoute celui qui a déjà passé quatre heures dans une pièce avec un tueur à gages qui avait été engagé par la mafia pour abattre une femme enceinte, en échange de 50 000 $.

«Dans ma vie et dans toutes mes expériences, je n'ai jamais rencontré une seule personne qui était sans humanité», dit celui qui écrit présentement l'histoire d'un policier new-yorkais corrompu jusqu'à la moelle.

Pour R.J. Ellory qui a connu la noirceur, la rédemption, le rejet et le succès, «la chance est la rencontre entre l'opportunité et la préparation.»

Ce sont les libraires qui, ces jours-ci, louent sa persévérance. Et douce est sa vendetta...