Madonna avait 6 ans lorsque sa mère est morte. La mégastar de la pop a déjà déclaré qu'à ce moment, elle avait décidé de «devenir la meilleure».

Chez les vedettes et les gens avides de célébrité, tout comme chez Madonna, on trouve très souvent des blessures d'enfance jamais cautérisées. Tel est le constat d'Orville Gilbert Brim, sociologue américain qui vient de publier Look at Me! The Fame Motive from Childhood to Death. Son essai s'appuie sur plusieurs sondages, de nombreux exemples tirés des magazines à potins et sur son expérience professionnelle (M. Brim a longtemps dirigé un projet d'étude sur les conditions de réussite d'une vie d'adulte à la Fondation MacArthur et à la Fondation pour le développement de l'enfant).

«Tous les gens célèbres ne le deviennent pas nécessairement parce qu'ils ont un fort désir de le devenir, constate M. Brim en entrevue téléphonique de sa résidence de New York. Mais chez ceux qui ont un désir incontournable de devenir célèbres, on trouve très souvent une histoire d'enfance. Le désir de voir sa valeur reconnue est fondamental dans le développement psychologique. Au début, l'enfant veut plaire à ses parents. Ensuite, il se rend compte du regard que ses amis portent sur lui et il veut les impressionner. C'est un développement normal. Quand le processus déraille, ça ne mène pas nécessairement au désir de célébrité, mais c'est un moteur puissant de ce désir.»

Chez la plupart des adultes, le désir de devenir célèbre se transforme généralement en rêverie, entre autres parce que ce projet devient de moins en moins probable à mesure que des choix de vie sont faits. Mais ceux qui en font un objectif primordial risquent de souffrir. Car la soif de célébrité est un puits sans fond et les célébrités construites sur un désir de réparation ne sont jamais satisfaites.

«Le caractère insatiable de ce désir peut se transformer en histoire très triste, dit M. Brim. Inévitablement, la célébrité s'amenuise et des blessures profondes peuvent être rouvertes. Et la société n'est pas très réceptive. Au mieux, on trouve que l'ex-vedette fait pitié. Au pire, on dit que sa vraie nature s'est révélée, qu'elle n'est que vaniteuse. De plus, la célébrité génère l'envie et on aime voir tomber les idoles.»

Selon M. Brim, parce que les souffrances de jeunesse sont souvent minimisées, le désir de célébrité est souvent masqué par la volonté affirmée de «faire le bien», comme dans le cas des actrices qui adoptent des orphelins africains.

Pourquoi autant de gens s'intéressent-ils autant à la téléréalité? «Quand on regarde la liste des professions citées par les gens dans les sondages sur le désir de célébrité, on constate qu'il y a de plus en plus de possibilités, dit le sociologue. Avant, on était acteur, écrivain, astronaute... Maintenant, on peut être célèbre sans avoir de talent particulier, simplement parce qu'on est passé à la télé. Ou parce que notre blogue ou notre page Facebook est plus lue que la semaine dernière. Il y a de plus en plus de manières d'assouvir le désir de célébrité et ça permet à un plus grand nombre de personnes d'entretenir ce rêve plus longtemps.»

 

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En chiffres

Pensez-vous qu'il est fort probable que vous deveniez célèbre un jour?

> Hommes: 17%

> Femmes: 10%

> 25-29 ans: 24%

> 30-39 ans: 13%

> Sans diplôme secondaire: 8%

> Université: 16%

> Maîtrise ou doctorat: 21%

SOURCE: Look at Me. Sondages faits aux États-Unis entre 1979 et 1997.

Quel type de personnalité célèbre aimeriez-vous être?

> Écrivain: 14%

> Chanteur: 11%

> Sportif: 11%

> Acteur de cinéma: 10%

> Monde des affaires: 10%

> Musicien: 7%

> Astronaute: 4%

SOURCE: Look at Me. Sondage fait aux États-Unis en 1997.

Trois traits de personnalité essentiels au désir de devenir célèbre:

> Sentiment d'être une personne unique

> Narcissisme: sentiment que ses propres besoins sont plus importants que ceux des autres

> Besoin d'avoir de bonnes relations avec autrui, capacité à deviner comment y arriver

SOURCE: Look at Me