À la veille de son départ de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Lise Bissonnette se retrouve à Paris pour présenter des oeuvres importantes du patrimoine documentaire québécois.

Après la Bibliothèque nationale de France, c'est au tour de BAnQ cette année d'être l'invitée d'honneur au prestigieux Salon international du livre ancien et de l'estampe, au Grand Palais de Paris.

Alors qu'elle tirera sa révérence lundi, la présidente-directrice générale de l'institution n'est pas peu fière d'avoir apporté avec elle une quarantaine d'oeuvres comprenant livres, gravures, estampes, affiches et cartes géographiques d'autres époques, des oeuvres choisies parmi les collections de BAnQ.

«Des experts québécois dans le domaine du livre ancien ont fait la sélection des documents patrimoniaux à présenter au Grand Palais», a précisé Mme Bissonnette en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne.

Il fallait des oeuvres variées et la liste est impressionnante, même pour les novices.

Ainsi, les gens peuvent voir le premier document imprimé au Québec, datant de 1765, soit un catéchisme français, ouvrage réalisé par des éditeurs anglais.

«Avant la Conquête, les rois ne voulaient pas que le travail d'impression se fasse dans les colonies, en Nouvelle-France, par exemple, de préciser Mme Bissonnette. Le document patrimonial est souvent un livre magnifique fait pour les princes, la royauté. Mais notre premier livre est franchement laid, tout simple, gris et même jauni. Mais c'est émouvant pour eux, ce catéchisme ultramontain français. Ils l'ont filmé.»

«De vieilles éditions de Maria Chapdelaine (le «chef-d'oeuvre canadien-français» écrit par Louis Hémon) et des choses plus contemporaines comme des livres d'artistes dont un exemplaire de «Refus global» sont aussi exposées», a dit la dirigeante de BAnQ.

Un des premiers livres imprimés en langue amérindienne devrait aussi intéresser les curieux au Salon, prévoit Mme Bissonnette, compte tenu de l'intérêt que portent les Français à la culture amérindienne.

Même chose probablement pour la proclamation annonçant une récompense pour l'arrestation du patriote Louis-Joseph Papineau.

«J'ai dû expliquer aux gens qui était Papineau et la bataille des Patriotes», a relaté Lise Bissonnette, précisant que le tout avait soulevé de l'intérêt.

La proclamation, rédigée en français et en anglais, s'était retrouvée sur les poteaux et bâtiments pour annoncer la mise à prix de la tête de Papineau.

Des feuilles volantes, de vieilles affiches de spectacles, notamment celles de troupes françaises versant dans le vaudeville qui sont passées par le Québec, sont aussi présentées.

L'événement parisien attire bon nombre de collectionneurs, surtout pour l'art contemporain.

C'est pour eux une belle occasion de découvrir des trésors de notre patrimoine, des documents qui sont rarement présentés au public.

Des livres d'arts reliés aux expositions québécoises dont L'Espace-couleur de Robert Wolfe et un autre pour le 400e anniversaire de Québec, La Mesure d'un continent, une cartographie de l'Amérique, pourraient susciter de l'intérêt parmi les curieux.

Lise Bissonnette sera de retour au siège de la Grande Bibliothèque de Montréal, lundi, pour «la passation des pouvoirs» à Guy Berthiaume à la haute direction de BAnQ.

Elle fera aussi ses adieux au conseil d'administration, «un conseil parfait, intéressé et harmonieux» de conclure celle qui quittera ses fonctions avec le sentiment du devoir accompli.