Depuis six ans, au moins un des participants tente d'extirper du purgatoire un classique de la littérature québécoise, mais cette fois-ci, il n'en est rien. Non seulement les titres proposés ont en grande majorité été publiés récemment, mais la plupart sont aussi des premiers romans!

On dévoilait hier à la maison de Radio-Canada les noms des cinq bagarreurs du 6e combat des livres qui se déroulera du 23 au 27 mars derrière les micros de Christiane Charette. Il s'agit du comédien Emmanuel Bilodeau, qui défendra La fabrication de l'aube (Québec Amérique) de Jean-François Beauchemin, de la journaliste et animatrice Esther Bégin qui défendra Vandal Love ou perdus en Amérique (Québec Amérique) de D. Y. Béchard, de l'abbé Raymond Gravel qui défendra Mistouk (Boréal) de Gérard Bouchard, du journaliste de The Gazette Brendan Kelly qui défendra Parfum de poussière (Alto) de Rawi Hage et de la grande dame de la télévision Janette Bertrand, qui défendra Bordeline (Boréal) de Marie-Sissi Labrèche.

 

Pratiquement tous des premiers romans: Hage, Béchard et Labrèche ont chacun fait une entrée fracassante en littérature avec ces titres, tandis que le Mistouk de Gérard Bouchard était la première incursion de l'intellectuel en territoire romanesque. Seul Jean-François Beauchemin est, pourrait-on dire, le routier de la liste!

«Chaque année, le Combat a sa personnalité, note l'animatrice Christiane Charette, qui explique que le plus grand défi de cette série d'émissions est dans la préparation. Il faut trouver un équilibre entre hommes et femmes, dans les métiers des personnalités, tout en choisissant chaque fois un «anglo invité» puisque Le combat des livres est le pendant francophone de Canada Reads, qui s'est terminé la semaine dernière en couronnant The Book of Negroes de Lawrence Hill (coiffant au poteau La grosse femme d'à côté est enceinte de Michel Tremblay, défendu par Anne-Marie Witthenshaw, la «franco invitée»). C'est sans compter que les participants doivent beaucoup s'impliquer, en assistant à cinq débats, et surtout, en lisant les cinq romans en compétition - il ne suffit pas de vanter les mérites de son livre, il faut aussi trouver des arguments pour démolir le livre de l'adversaire...

Le ton était déjà fébrile hier en conférence de presse. Brendan Kelly distribuait des pots-de-vin sous formes de pâtisseries libanaises, l'abbé Gravel affirmait qu'il n'avait pas encore trouvé de concurrent arrivant à la cheville de son Mistouk et Janette Bertrand montrait qu'elle n'allait pas se laisser tasser dans un coin en lançant: «Je regrette pour vous autres, mais j'ai le meilleur roman! Je n'ai pas eu un tel choc de lecture depuis Colette!»

Le côté belliqueux du Combat des livres est ce qui l'a fait connaître, même s'il ne plaît pas à tous. Certains se demandent si cela sert vraiment à littérature de faire «combattre des livres», d'autant plus que ce ne sont pas toujours les meilleurs romans qui gagnent, mais les meilleurs débateurs. Il faut comprendre qu'il s'agit d'un jeu, qui peut parfois, en effet, devenir assez passionné. Pensons aux empoignades entre Pauline Marois et Biz, Bernard Landry et Anne Lagaçé Dawson... Qu'importe, Christiane Charette estime qu'il s'agit d'une façon vivante de parler de littérature et que, «au fond, chaque participant est là pour défendre un livre qui est au-dessus de ce genre de bataille!»

À noter que dans le cadre du Combat des livres, Radio-Canada invite les auditeurs à participer à un concours dont le prix est un voyage d'une semaine en Suède sur les traces des polars de la série Millénium de Stieg Larsson.

Le combat des livres 2009, du 23 au 27 mars sur les ondes de la Première chaîne, entre 9 h et 11 h 30.