Qui sait? Peut-être vous souvenez-vous de Sepulveda, Luis, cet écrivain chilien qui se baladait de par le monde, Hambourg, Paris, Espagne, exilé voyageur perpétuel avec au coeur, et au bout de la plume, son Chili natal collé à la forêt et à la montagne sauvages? Si l'on vous dit: Le vieux qui lisait des romans d'amour? Là oui, vous y êtes: un chef-d'oeuvre, suivi de trois ou quatre de ces romans inclassables que l'on n'oublie pas (Le neveu d'Amérique? L'histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler?). Bon, voilà notre homme qui nous régale avec des histoires courtes, des contes dont il dit joliment «qu'ils tentent de vaincre les eaux de l'oubli».

Par exemple, tenez, le conte de ce commerçant palestinien qui débarque à Puerto Eden - le bout de nulle part, à la pointe de la Patagonie chilienne. Il se nomme Aladino, et de sa lampe s'échappent des récits peut-être phéniciens, des personnages baroques et merveilleux, des aventures folles. On retrouve, au détour d'une page, ce vieux qui lisait des romans d'amour, qui chassait le jaguar et que nous connaissions déjà, depuis les années 90... Puis l'on s'en va en Allemagne, on habite un hôtel incroyable aux confins du Pérou, on cherche un café disparu, à Alexandrie, où l'on avait rendez-vous avec une beauté, je ne vous dis pas... Sepulveda s'amuse, il invente tout, et nous, comme toujours, on marche.

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LA LAMPE D'ALADINO et autres histoires pour vaincre l'oubli

Luis Sepulveda

Métailié, Paris 135 pages

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