Il écrivait des chroniques dans le Magazine littéraire, dans les années 2005 et 2006. On les publie ici, c'est un plaisir à lire, c'est un régal, c'est de la grande cuisine littéraire. L'actualité l'inspirait, ou alors la lettre d'un lecteur l'agaçait, ou lui rappelait quelque texte et le faisait réagir. Tous les chroniqueurs font cela - mais pas comme Simon Leys, intellectuel véritable, disert, clairvoyant avant tout le monde (Les habits neufs du président Mao, c'est lui!) qui s'est finalement exilé en Australie, loin de la poutine du spectacle occidental, et tranquille enfin, écrivant ce qui lui plaît.

Voici donc des chroniques de notre époque, écrites aux antipodes. Ou encore, voilà des promenades littéraires qui sont le point de départ d'idées brillantes, souvent surprenantes. Ou encore, des récits, des anecdotes qui apportent chacune sa leçon de satire. Pourquoi ce titre intrigant? Il vient tout simplement d'un petit récit chinois dans lequel il est question de petits poissons dont on se demande s'ils sont heureux, ou non... vus du haut d'un pont. Il faut savoir que Leys est un amoureux de la Chine, pas celle de Mao, la Chine éternelle. Une fable chinoise, en passant? Un peintre alla chaque jour s'asseoir au même endroit devant le même paysage pendant 40 ans. Puis un jour dans son atelier, en trois minutes, il peignit ce paysage, son oeuvre la plus accomplie. Cette peinture fut-elle créée en trois minutes ou en 40 ans?

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LE BONHEUR DES PETITS POISSONS

Simon Leys

JC Lattès, Paris

212 pages

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