C'est un mélange de Pirates des Caraïbes et d'À la croisée des mondes, avec une pincée d'Eragon et d'Edgar Allan Poe. Avec ses deux derniers livres, Fabrice Colin a enfin trouvé sa voix dans le monde de la fantasy, après quelques essais plus futuristes. Le maître des dragons, deuxième tome d'une saga qui s'annonce longue, suit les tribulations d'un jeune pirate dans une Nouvelle-Angleterre du XVIIIe siècle gouvernée par de mystérieux inquisiteurs, où les conspirateurs voyagent en ornithoptère.

L'histoire avait commencé en 2007 avec La malédiction d'Old Haven, qui suivait la jeune sorcière Mary Wickford, aux prises avec l'Empereur et ses inquisiteurs. Cette fois-ci encore, on croise la «flamboyante» Mary au fil des pérégrinations de Thomas Goodwill, jeune orphelin enlevé par son père alcoolique à sa mère pauvre. Thomas a perdu la mémoire après un séjour dans les limbes des pirates morts noyés, et n'a de cesse de sauver son ancien précepteur, Edmund Dorchester, qui l'a initié au dressage des dragons.

 

À cause de plusieurs digressions d'une pertinence douteuse, l'histoire est un peu difficile à suivre, même pour des adultes. L'écriture soutenue permet par contre d'instaurer un climat suranné de mystère où un complot semble guetter le lecteur au tournant de chaque page.

Le style est parfois un peu trop lyrique -»La mort dans l'âme, je me cloîtrai dans ma cabine, loin du regard de mes hommes et de leurs reproches silencieux. Dans des moments comme celui-ci, mon journal était mon seul réconfort.» Mais Fabrice Colin sait être efficace dans ses mises en scène: «Le pirate avance. Confiante, elle lui tend son fils. Il le serre contre lui. Le pirate regarde la porte. Puis il regarde la femme. Et s'en va.»

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Le maître des dragons

Frabrice Colin

Albin Michel, 620 pages, 26,95$

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