Tel que promis par la direction artistique de Mutek, le plat de résistance du programme Nocturne 1 fut l'Apparat Band, présenté à la SAT dans la nuit de mercredi à jeudi.

Le quartette de Sascha Ring a su s'imposer malgré l'heure tardive de sa performance et le déficit d'attention d'une forte portion de l'auditoire. Lorsqu'un concert démarre à minuit quarante, on ne peut faire de miracles mais... peut-on excuser les technoheads irrespectueuses, celles qui causent très fort au fond de la salle? Cela étant dit, une majorité attentive à la formation allemande (s'exprimant en anglais) a été tout simplement ravie par ces propositions.

Peu de groupes issus de la mouvance électronique peuvent aspirer au rayonnement de masse, l'Apparat Band fait  ici figure d'exception. Car ce groupe pourrait devenir très influent sur la planète pop, j'en ai l'intime conviction. La puissance de la charge émotionnelle, la beauté mélodique, la présence sur scène, la singularité des arrangements, la subtilité de la composition et l'accessibilité évidente de la facture pourraient conduire Sascha Ring et ses musiciens à un impact de masse pour les meilleures raisons.

Les caractéristiques électros restent très importantes dans cette musique de claviers, guitares, percussions et voix jouées en temps réel. Les éléments de musique répétitive (toujours Steve Reich et ses fameux déphasages rythmiques), les repiquages de prog (sans le côté souvent pompeux du genre) et le choix des couleurs et textures électroniques se trouvent au service de chansons au très fort potentiel de rayonnement. Qu'on donne plus de moyens à Sascha Ring et son groupe, ces Berlinois pourraient un jour avoir la stature de leaders au chapitre de la grande pop de création.

Paru l'automne dernier sous étiquette Mute, l'album The Devil's Walk doit être considéré comme un aperçu de ce que l'Apparat Band pourra bientôt offrir.

Plus tôt dans le même programme, se produisait le tandem américain Blondes. Formé de deux électroacousticiens de formation, Zach Steinman et Sam Haar,  Blondes est un heureux mélange de formation académique et de culture populaire. Les mecs ont trippé Gang of Four, Television, Can, du krautrock à la musique électronique des années 80 et 90. Résultent de ces infusions une house/techno capable de monter en neige tous les blancs d'oeufs disponibles sur le plancher de danse!

En ouverture de Nocturne 1, les Montréalais David Kristian et Marie Davidson ont opté pour une relecture des années 80, synthpop ou électropop, relecture coiffée de légers ajouts. Franchement... moyen.

Consacrée à des interventions audiovisuelles et présenté à la salle Ludger-Duvernay du Monument National, le programme Visions 1 fut instructif en début de soirée, sans plus. La Montréalaise Nelly Ève Rajotte y  a exploré les zones arides que l'on contemple dans les meilleurs westerns. Sons de sabots, bruits de mouvements dans le désert, ambiances électro-morricone... on attend la suite.

Spécialistes du dark-ambient, l'Américain Brian Williams, alias Lustmord, et le Norvégien Geir Jenssen, alias Biosphere, nous ont servi des films glauques en noir et blanc, tournés au Nevada à l'époque des premiers essais nucléaires en préparation d'Hiroshima. Idéal pour les infragraves, les sonorités lugubres et toute une panoplie de vrombissements.

Quant aux recherches sur la tension, la vibration et aux sons qu'émet le courant électrique, le tout assorti de lasers derniers cris signés Robin Fox, on connaissait -  expérience déjà vécue au festival Elektra.  Au bout de quinze minutes, tout avait été dit.