Après Joël Legendre, Denis Talbot et Gilbert Rozon, c'était au tour d'Annie Brocoli de sortir de sa zone de confort en offrant un spectacle d'humour à Zoofest. Sur la plus grande scène du Monument-National, l'unique représentation de La vierge Annie, composée d'anecdotes à la fois croustillantes et touchantes, a réussi à séduire les festivaliers.

La chanteuse pour enfants a certes réglé des comptes, hier soir. Souvent catégorisée comme «la chanteuse pour les papas», elle a démenti les mythes les plus ancrés dans la tête du public.

En racontant son parcours, elle a ponctué le spectacle de chansons, d'anecdotes et de sensibilité. 

Certainement pas une humoriste dans l'âme, l'artiste a tout de même su trouver un style à sa portée, mais heureusement rythmé avec des invités qui ajoutaient du mordant à la soirée.

Des invités qui donnent du mordant

La bande-annonce du spectacle, qui montrait Annie Brocoli et Roman Frayssinet se quereller sur son nom d'artiste, avait donné un avant-goût délicieux du duo. L'humoriste, au grand sens de la répartie, est monté sur scène déguisé en Fraisinette. «Je ne sais pas quel genre de relation tu entretiens avec mon gérant», a-t-il lancé, vexé.

Un peu plus tard, l'apprentie humoriste a enchaîné avec une anecdote à propos d'un soir où elle avait envie de décrocher et où elle est sortie au Cabaret Mado. «Ben, j'ai assisté à mon propre show

Mado Lamothe est apparue sur la scène avec son sens de la répartie toujours au point: «On va te montrer c'est quoi, un bon show.» Elle et deux autres drag queens ont offert une séquence de style cabaret, déguisées en personnages pour enfants un peu plus osés qu'à l'habitude.

Si Annie Brocoli maîtrise bien la scène, Marie-Jeanne, sa fille, a l'humour dans le sang. Dans un court numéro, la jeune femme de 20 ans a confié au public son expérience en tant que «fille d'une chanteuse pour enfants».

Vagabondant entre son surnom, «Chou-fleur», et ses expériences traumatisantes d'arrière-scène où elle aurait vu Caillou sans tête, elle a toutefois conquis la salle en racontant les soirées thématiques costumées que sa mère organise à la maison. Sont ainsi montés sur scène Annick Lemay, déguisée en salade, Geneviève Brouillette, en compost, Marie-Chantal Perron, en arachide, puis Maxime Landry, en père Noël, qui manifestaient contre ce système de costumes obligatoires établi par la chanteuse. Un moment très rigolo.

18 +?

Lorsque l'artiste a annoncé, en début de soirée, que cette semaine, elle fêtait ses 18 ans de métier, elle a ajouté qu'«asteure qu'elle est majeure», la salle devait s'attendre à découvrir une nouvelle facette d'Annie, beaucoup moins sobre. Outre le passage des drag queens, et un peu d'alcool sur scène, rien ne justifiait toutefois que ce spectacle soit réservé aux plus de 18 ans.

La vierge Annie

L'artiste a su dépeindre plusieurs revers de la médaille au courant de la soirée, dont celui de son public qui exige d'elle qu'elle soit très prude, ce qui a des conséquences jusqu'à la maison. Elle a été particulièrement rigolote lorsqu'elle a raconté qu'elle grondait ses enfants en chantant des chansons. Au lieu «d'envoyer de la shnout» comme les autres parents, elle répliquait par «un petit caca, enrobé de chocolat».

Mais cette intouchable n'est pas sans faille. L'artiste pour enfant a su toucher le public à quelques reprises. Son numéro le plus poignant a été lorsqu'elle a raconté comment ses brocovitamines sont parvenues à sauver la vie d'un enfant très malade, Émile. Elle a aussi provoqué des larmes en racontant ses moments difficiles en tant que mère de deux enfants.

Numéro final exquis

C'est finalement dans le dernier numéro qu'Annie Brocoli s'est véritablement mise à nu. Vêtue de son costume de Germaine la grenouille végétarienne, elle est montée sur scène, chambranlante, bouteille de vin à la main. Assise, jambes écartées, elle a allumé une cigarette. De quoi briser son image de vierge Annie. Elle a conclu: «Merci pour la thérapie, mes petits brocolis.»