François Bellefeuille, «le Gregory Charles de la colère», a mené tambour battant ce premier gala Juste pour rire 2015 sur les péchés capitaux, samedi soir à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Nos oreilles ont vibré des coups de gueule et des règlements de comptes envers ce qui nous énerve le plus dans la vie. Un show réussi avec de bons moments, notamment grâce à Laurent Paquin et Mariana Mazza, excellents samedi soir. Tout comme François Bellefeuille, bien sûr...

Meilleur numéro: le monologue de Laurent Paquin

Laurent Paquin a encore une fois conquis le public avec son humour parfois très dur, mais livré avec une force imparable, lui qui nous surprend avec des punchs toujours hyper efficaces. Son texte glissait avec aisance. Un seigneur de l'humour. Comme d'habitude, il a tiré dans tous les sens en s'attaquant aux imperfections humaines, grossissant souvent la réalité pour mieux nous faire rire, avec quelques perles telles que : «Justin Trudeau, c'est une coquille vide, quand tu te colles près de lui, tu entends la mer», ou encore : «Au Québec, on a le choix entre un politicien qui détient un empire médiatique et un empire médiatique qui détient des politiciens.»

Les pires numéros: le début et la fin

Le spectacle a débuté par une vidéo projetée sur les grands écrans de la salle. Un malade mental (joué par François Bellefeuille) avait pris deux homards en otage dans un dépanneur ! Mais le sketch n'était pas drôle et n'avait pas grand-chose à voir avec la colère. Dans une symétrie qu'on imagine évidemment involontaire, le dernier numéro du spectacle, auquel participait Jean-Marc Chaput, n'était pas très bon non plus, sauf lorsque Laurent Paquin a fait un massage du visage et des cheveux de François Bellefeuille, ce qui a donné lieu à quelques échanges savoureux.

Le pire gag: «Service à la clientèle»

Avec Billy Tellier, Réal Béland, Sylvain Larocque, Marie-Chantal Toupin et François Bellefeuille. Une sorte de parodie des contacts téléphoniques que l'on a notamment avec Hydro-Québec et Vidéotron. Un peu tiré par les cheveux et inégal, mais on a bien aimé quand François Bellefeuille a lancé (et compté) : «Si j'avais voulu payer pour un compteur pas intelligent, j'aurais embauché Lars Eller!»

La surprise: Mariana Mazza

L'humoriste au verbe coloré est revenue sur la controverse un peu rigoriste sur son doigt d'honneur lors du dernier gala Les Olivier. Dynamique sur scène, elle a enchaîné avec des anecdotes de sa vie sur des moments où elle s'est vengée. «On se venge toutes, car nous, les femmes, on n'a pas le droit de se fâcher. Sinon, les gars nous traitent de lesbiennes ou d'avoir du sable dans le vagin!» Corrosive à souhait, avec une vulgarité qu'elle parvient à faire passer en douceur, elle a reçu la plus grosse et la plus spontanée des ovations de la soirée. La surprise, c'est qu'elle confirme qu'avec elle, il n'y aura pas de compromis. Et tant mieux...

Paradis ou enfer?

Ce gala sur la colère est un bon premier gala pour cette cuvée 2015 de Juste pour rire. Il est très agréable de pouvoir voir des performances d'humoristes différents les uns des autres. La mayonnaise entre eux a bien pris. François Bellefeuille est assurément un très bon choix pour animer un gala. Toutefois, l'animateur de foule qui vient sur scène avant le spectacle conseiller aux gens d'être généreux en applaudissements, ce n'est pas vraiment une bonne idée et ce n'est pas nécessaire. Ça donne un goût d'artifice, ça ne favorise pas la spontanéité du spectateur et c'est un mauvais message envoyé aux artistes. Laissons le public libre d'exprimer ce qu'il ressent vraiment... même si c'est de la colère!