Pour cette soirée d'ouverture des 25es FrancoFolies, il était logique de donner la parole à Félix Leclerc. Dans Les chants d'amour de Félix, mis en scène avec classe et élégance par Dominic Champagne, c'est la parole du chansonnier qui a été mise en avant, tant celle de ses chansons que de ses poèmes, mémoires ou textes politiques - d'où la présence de comédiens comme Julien Poulin et Emmanuel Bilodeau, mais aussi de militants comme Laure Waridel, Hugo Latulippe et Gabriel Nadeau-Dubois.



On avait l'impression que le «grand-père qui monte la garde», comme Félix le disait de lui dans Le tour de l'île, veillait toujours au grain avec ces photos qui défilaient dans un cadre géant au-dessus de la grande scène de la salle Wilfrid-Pelletier, habitée d'un côté par un quatuor à cordes et de l'autre par un trio jazz piano-guitare-contrebasse. Ce qui donnait une ambiance respectueuse certes, mais aussi très retenue.

«C'est sérieux», a d'ailleurs lancé Bernard Adamus en début de deuxième partie, avant de s'emparer d'Attends-moi ti-gars et d'en livrer une surprenante version dixie. Après lui, c'est Betty Bonifassi qui a donné son énergie toute particulière à deux autres chansons, dont une Prière bohémienne inspirée.

Le reste de la soirée allait peut-être continuer à cette image plus dynamique puisqu'après notre départ, heure de tombée oblige, on attendait encore Samian, Louis-Jean Cormier et Marie-Josée Lord - son Hymne au printemps lui a d'ailleurs valu une ovation, nous dit notre espion resté sur place.

Il faut cependant noter la grande intelligence de tous les interprètes, qui ont su s'approprier sans réserve les chansons de Félix. Ainsi, Notre sentier ressemblait à du Salomé Leclerc, Ce matin-là à du Michel Rivard, Douleur à du Nicola Ciccone, Présence à du Richard Séguin, Les algues à du Vigneault et Ton visage à du Jean-Pierre Ferland - ah oui, c'est vrai, Ton visage EST une chanson de Jean-Pierre Ferland, une des deux que Félix s'est appropriées pendant sa carrière.

Tous les interprètes étaient ainsi au diapason avec le répertoire de Félix Leclerc, ce qui prouve l'étendue de son registre et de ses thèmes - voir le texte écologiste lu par Laure Waridel, écrit peu avant sa mort, en 1988, quatre ans avant le premier Sommet de la Terre. Heureusement pour nous, d'autres continuent de monter la garde.