Le 36e Festival de jazz en est à l'heure du bilan. Il a confié à Mika le soin de clore les festivités en beauté en occupant deux soirs plutôt qu'un la salle Wilfrid-Pelletier. Une mission dont l'artiste chouchou du public montréalais s'est fort bien acquitté samedi.

Mika est cet artiste rare capable de se prêter avec autant de succès à un véritable concert à la Maison symphonique puis à une fête pop dansante à Wilfrid-Pelletier à cinq petits mois d'intervalle.

Dans la grande salle bondée de la Place des Arts, il a donné samedi un spectacle hors de l'ordinaire, misant autant sur la beauté et l'émotion que sur l'énergie, jouant la carte de la mélancolie mais aussi celle de la joie de vivre avec un naturel qui aurait fait l'envie de la majorité des artistes populaires dont les chansons font le tour de la planète.

Les chansons, Mika les a. Qui, comme Elle me dit ou Origin of Love, écrite par une nuit montréalaise glaciale, commencent parfois tout doucement au piano et se transforment en chansons sautillantes l'instant d'après. Mika peut faire chanter à ses fans, les yeux fermés, la très belle Underwater puis, l'instant d'après, se déhancher et pousser sa voix d'exception toujours un peu plus haut pendant Relax, Take It Easy, l'un de ses premiers succès.

Artiste de scène accompli

Mika est également un artiste de scène accompli. C'est le clown qui s'avance à genoux sous la lumière pour demander à Dieu pourquoi il l'a fait si mince en guise d'introduction à Big Girl (You Are Beautiful) qu'il dansera avec abandon. C'est le jeune homme taquin qui fait languir son public avant de l'entraîner à sa suite dans Grace Kelly, ce qu'il peut se permettre, a-t-il dit à la blague, parce qu'il n'a plus à se plier aux ordres d'un chef d'orchestre comme l'hiver dernier. C'est enfin le créateur instinctif qui a recruté à la dernière minute quatre choristes montréalais particulièrement mis en évidence dans la nouvelle chanson J'ai pas envie.

La bonne nouvelle pour les fans de Mika et pour ceux qu'il convertira encore à sa cause dimanche soir à Wilfrid-Pelletier, c'est qu'à bientôt 32 ans, il ne cesse de s'améliorer. Samedi soir, ses nouvelles chansons Good Guys et surtout Last Party ont été deux des plus beaux moments de ce spectacle jubilatoire.

En début de soirée, Charlotte Cardin, finaliste de La voix en 2013, a profité de l'occasion privilégiée qui lui était offerte de se faire entendre à Wilfrid-Pelletier. Assise au piano, et entourée d'un bassiste et d'un batteur discrets, la chanteuse de 20 ans a fait bonne impression. En une petite demi-heure, elle a chanté en français mais surtout en anglais ses propres compositions, dont son premier extrait Big Boy, et a emprunté No Scrubs à TLC.

Prometteur.

Mika, programmateur invité?

Quelques heures avant son concert, Mika a participé à une conférence de presse au cours de laquelle André Ménard, cofondateur du Festival de jazz, lui a demandé s'il accepterait d'être le programmateur invité d'une série de spectacles.

Ravi, Mika a énuméré spontanément quatre spectacles qu'il rêverait de monter: Rufus Wainwright avec un choeur masculin, Melody Gardot accompagnée d'un orchestre baroque, la rencontre d'Angélique Kidjo et de Stromae, et enfin un concert de Mika lui-même avec le Kronos Quartet.

Est-ce que ça va se faire? De Mika, plus rien ne saurait nous étonner.