Jeudi dernier, le producteur evenko a annoncé que tous les laissez-passer week-end pour Osheaga ont été vendus. Le festival rock montréalais devrait donc afficher complet pour la troisième année consécutive les 1er, 2 et 3 août. Comme par le passé, environ les deux tiers des jeunes festivaliers viendront de l'extérieur du Québec, et les amateurs de musique de Montréal et des environs qui se décideront à la dernière minute se buteront à des guichets fermés.

En conséquence, evenko souhaite que le Parterre de l'île Sainte-Hélène puisse éventuellement accueillir 60 000 spectateurs, soit 15 000 de plus que sa capacité actuelle. Ce projet coïnciderait avec le réaménagement du parc Jean-Drapeau en prévision de 2017, qui marquera le 50e anniversaire d'Expo 67 ainsi que le 375e de Montréal et le 150e du Canada.

«Le maire l'a dit pendant la campagne électorale, il aimerait faire un amphithéâtre naturel de taille internationale, rappelle Jacques Aubé, vice-président exécutif et directeur général d'evenko. En 2017, si on fait un gros show, on met ça où? C'est l'endroit. Ce que ça prend, c'est un lieu bien aménagé qui offrirait une expérience-client d'un autre niveau et qui pourrait accueillir 60 000 personnes.»

Discussions en vue

Le producteur d'Osheaga a déjà manifesté son désir, et des discussions à cet effet s'amorceront d'ici quelques semaines avec la Société du parc Jean-Drapeau et les deux firmes engagées dans le processus de réaménagement, Daoust-Lestage et Claude Cormier + associés, confirme Daniel Blier, directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau.

«On va créer une table avec nos architectes, nos ingénieurs et evenko pour regarder l'ensemble des possibilités afin de répondre à ce besoin-là pour que ça se transforme en une opération gagnant-gagnant. On aimerait avoir une réponse avant Noël. Ce projet-là, on aurait dû le démarrer il y a environ sept mois, mais avec les aléas qu'on a connus au niveau des élus à la Ville de Montréal - on a changé de maire quelques fois -, il a été repoussé à plusieurs reprises. On est certains qu'on a l'appui du maire dans ce projet-là.»

Le Parterre est un des quatre éléments du plan d'aménagement et de mise en valeur du parc Jean-Drapeau déposé à la Ville de Montréal et qui dispose d'un budget de 55 millions. Outre le Parterre, ce projet comprend la promenade des berges de l'île Sainte-Hélène, le mail central qui relie la Biosphère, le métro et le Calder, ainsi que la revitalisation de la place des Nations. Dans le plan d'origine, le Parterre conservait sa capacité actuelle d'environ 45 000 personnes.

«Si on augmente le site de 15 000 personnes, il faut se demander ce que ça représente au niveau de l'espace, mais aussi du coût, dit M. Blier. Mais on est confiants d'y arriver.»

Le Parterre de l'île Sainte-Hélène n'est pas la propriété d'evenko, rappelle M. Blier, en ajoutant toutefois que le producteur montréalais est un partenaire important et de longue date dans l'offre culturelle de niveau international du parc Jean-Drapeau - il organise également le festival Heavy MTL ainsi que le tout nouveau festival électro ÎleSoniq.

L'exemple de Québec

«Il n'y a pas d'autre endroit à Montréal pour faire un spectacle fermé payant à l'extérieur qui puisse accueillir autant de monde, ajoute M. Blier. Sans faire de comparaison, je regarde ce qui s'est passé dans les dernières années sur les plaines d'Abraham, au Festival d'été, avec des spectacles comme celui de Lady Gaga, qui peuvent accueillir tout près de 70 000 à 80 000 personnes. Avec les artistes qu'evenko attire ici, nous avons la conviction qu'un Parterre d'une capacité de 60 000 personnes serait rempli. Et, en hiver, on veut recentraliser nos activités pour que ça devienne le parterre événementiel par excellence à Montréal 12 mois par année.»

Si le projet d'agrandissement du Parterre de l'île Sainte-Hélène ne se concrétise pas, Osheaga pourrait toujours adopter le modèle du festival californien Coachella en programmant deux week-ends de musique consécutifs avec les mêmes artistes, glisse Jacques Aubé. Le programmateur d'Osheaga, Nick Farkas, concède que Montréal n'a pas le même bassin de population que Los Angeles, mais il estime que sa proximité avec les grands centres que sont New York, Detroit, Boston et Toronto permettrait aux artistes invités de mettre sur pied une tournée qui passerait par Montréal deux semaines de suite.

«Mais ce n'est pas dans nos plans à court terme, ajoute Jacques Aubé. D'ici cinq ans, on préfère créer de la rareté, s'assurer qu'on affiche complet d'une année à l'autre et offrir une bonne expérience au festivalier.»