La semaine a fort bien commencé pour l’animateur Pierre Pagé. Ce vétéran de la radio, incontestable pilier d’Énergie, a assisté lundi matin, non sans une certaine émotion, au dévoilement d’une étoile portant son nom dans le hall de Bell Média.

Il rejoint ainsi François Pérusse et le tandem des Grandes Gueules, Mario Tessier et José Gaudet, de même que la légende de CHOM-FM, Tootall. L’occasion était belle de rencontrer celui qui voit cet honneur comme sa « Coupe Stanley » et de parler avec lui de ce métier qui l’anime depuis maintenant 44 ans.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

L’animateur de radio à Énergie Pierre Pagé, au centre, avec Mitsou et Mario Tessier

« Je dois le début de ma carrière en 1979 à un gars chaud », m’a d’abord balancé Pierre Pagé dans un éclat de rire. En effet, le jeune ado de 17 ans qu’il était au Saguenay et qui « gossait » depuis quelque temps les patrons de CJAB, une radio qui excellait à cette époque dans la « musique d’ascenseur » (avant sa transformation en Rock Détente), a vu son destin se transformer le 24 juin de cette année.

Un animateur qui n’avait pas dégrisé de la veille ne s’est pas présenté en studio. Pierre Pagé a été appelé d’urgence et, après un « pipi nerveux », s’est emparé du fauteuil de l’opérateur. Roger Laurendeau, son patron de l’époque, a d’ailleurs tenu à être présent lundi pour rendre hommage à son protégé.

D’aussi loin qu’il se souvienne, celui qui avait déjà « une voix » a toujours eu le désir de pratiquer ce métier. « Mon cousin Jean Pagé venait à la maison quand j’étais jeune et il m’impressionnait tellement. Je voulais faire comme lui. »

Après ces débuts sur des chapeaux de roues, il amorce un long parcours formateur qui, après des séjours à Jonquière et à Québec, au FM 93, l’amène enfin dans la métropole. Pour celui qui est nourri au petit-lait de CHOM-FM, c’est l’étape ultime. « J’avais encore des croûtes à manger. J’observais des gens comme Pierre Trudel. J’ai vu qu’il fonctionnait avec des notes succinctes. J’ai découvert que la meilleure improvisation est celle qui est préparée. »

Puis, en 1996, on lui demande d’animer une émission avec deux jeunes humoristes connus sous le nom des Grandes Gueules. « Au début, les gars recevaient leur chèque toutes les deux semaines en se demandant si leur bleu n’était pas dans l’enveloppe. Les cotes d’écoute n’étaient pas bonnes. Quand j’ai quitté l’émission, on avait 31 parts de marché. »

En effet, cette formidable aventure dure quatre ans, car on demande à Pierre Pagé d’aller à la rescousse de l’émission matinale dont la nouvelle formule bat de l’aile. Les résultats sont tellement bons qu’il restera à la barre de Ct’encore drôle de 2000 à 2014, dont 12 années avec Mitsou. « Dieu que j’aime cette femme. C’est mon amie. Elle a une grande sensibilité. Elle n’est pas seulement belle, elle est sincère. Cette fille est un aimant. »

Mitsou Gélinas a d’ailleurs chaudement applaudi son ami lundi matin en compagnie de plusieurs anciens patrons et collègues, dont Peter MacLeod, Mario Tessier, Mike Gauthier, Rémi-Pierre Paquin, Richard Marquis et plusieurs autres.

Tous étaient très heureux de voir l’honneur qu’on offrait à celui qui est reconnu pour être un gars d’équipe. « Je me vois comme le dispatcher. C’est sûr que lorsque je fais signe à un collègue d’abréger ses propos, il peut y avoir une frustration. C’est plate, mais c’est comme ça. Il doit y avoir un leader dans le groupe et je vois mon rôle comme celui qui met les autres en valeur. »

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Pierre Pagé avec son étoile

Le « dispatcher » qu’est Pierre Pagé doit souvent composer avec les propos improvisés de ses collègues humoristes. Marche-t-il sur un fil en leur présence ? « Pas vraiment, car on se connaît, mais c’est vrai que les choses ont beaucoup changé depuis quelque temps. Je sens que tout le monde est plus… prévoyant. On ne peut pas aller aussi loin qu’il y a 20 ans. »

Pierre Pagé a été infidèle à la famille Bell Média pendant quelques années quand il a été tenté d’aller jouer dans la cour de Cogeco Média, d’abord à Rythme-FM, puis à CKOI. Malheureusement, les choses ne se sont pas bien passées pour lui.

« Tu te souviens de Stéphane Quintal qui a quitté le Canadien pour aller jouer avec les Rangers de New York ? Il était un bon défenseur à Montréal et il a eu de la misère aux États-Unis. Quand il est revenu avec le CH, il a recommencé à performer. Ces choses s’expliquent difficilement. Je crois que c’est une question de confiance. »

Depuis son retour chez Bell Média, Pierre Pagé assure une grande présence sur les ondes d’Énergie, on pourrait même parler d’omniprésence. On peut l’entendre du lundi au vendredi au Midi Fun en compagnie de Peter MacLeod et de Julie Boulanger, de même que tous les week-ends, où il présente les classiques du rock.

Lors du dévoilement de son étoile, Chloé Boissonnault, directrice générale de la radio de langue française chez Bell Média, a parlé de la « passion contagieuse » de Pierre Pagé. Elle a eu raison de souligner ça. Une rencontre d’une heure avec lui suffit à nous convaincre de la chose.

« Quand je présente une chanson, je suis bien conscient que je ne suis pas en train de faire une opération à cœur ouvert. Mais ce qui est important pour moi, c’est de donner l’impression que c’est la 4e fois que je le fais alors que c’est la 170e fois. »