Christiane Charette sera collaboratrice à l’émission estivale de Jay du Temple, en ondes sur Rouge FM, entre 16 h et 18 h, à partir du 31 mai. L’animatrice fait partie d’un groupe de quatre coanimateurs qui compte Sam Breton, Roxane Bruneau et Pierre-François Legendre.

Marc Cassivi : Si je suis franc, mon premier réflexe a été d’être jaloux de Jay quand j’ai su que tu allais coanimer avec lui. Parce que j’ai depuis longtemps le fantasme de coanimer une émission de radio avec toi. Est-ce que ce qui t’intéresse davantage aujourd’hui, c’est d’avoir ce rôle de collaboratrice occasionnelle, ou peut-on encore espérer une émission animée en direct par Christiane Charette ?

Christiane Charette : En ce moment, je ne suis pas dans un mode où j’ai envie d’animer. Ce qui m’habite le plus, c’est ma vie. Ma sœur est revenue de Londres, où elle enseignait, pour vivre à Montréal. Ma mère est décédée. La vie me sollicite beaucoup en ce moment. Comme je ne suis vraiment pas une personne équilibrée, et un peu absolutiste, quand je suis dans le travail, ça m’habite tout le temps. J’ai toujours vécu ça comme une question de vie ou de mort. Alors j’ai abusé de mon corps. Je ne dirai jamais que je suis passée à côté de ma vie et de la vie que j’ai avec mon amoureux. Mais cette partie-là que je donnais au travail, depuis que j’ai quitté l’émission de radio, je l’investis dans ma vie.

M. C. : Et tu as pris goût à cette vie sans le travail ?

C. C. : Il faut dire que j’ai des choses à réparer. Il y a mon corps à remettre en forme. J’en ai abusé. J’allais chercher du temps dans mes heures de sommeil, pour te donner juste un exemple. Et puis je suis tombée dans la pandémie comme si c’était une drogue ! J’ai surmangé, je me suis habillée en mou, je ne bois pas beaucoup, mais j’ai bu du vin au quotidien. Je suis vraiment une recluse ; c’est dans ma nature profonde. Je me sens complètement libre quand je n’ai pas à sortir dehors ! Ce n’est pas bon de rester toujours à la maison. Là, je m’en sors. J’ai une énergie que je n’avais pas dans la dernière année. Mais je suis tombée dans tous les excès !

M. C. : Comme bien des gens depuis un an...

C. C. : Il y a aussi la vie financière. C’est très important pour moi. On a chacun nos obsessions. Il y a des gens qui ont peur d’être malades. Moi, mon sentiment de sécurité de base passe par la fluidité de l’argent. J’aurais un cachet de 200 $ par semaine que je me sentirais dans la fluidité de l’argent. Je ne suis pas Séraphin, mais cette fluidité me rassure. J’ai interrompu cette machine-là, cette année. J’ai une rencontre à faire avec moi-même, si tu veux. Remettre mon corps en forme, m’occuper de ma santé et participer plus à la vie. Je ne vais jamais faire de commissions, je ne fais pas à manger, je ne vais pas à l’épicerie, je ne conduis pas une auto. Je ne dis pas que je vais faire tout ça, mais la vie m’habite plus ces temps-ci. L’initiative de proposer une émission, d’aller au-devant, je ne suis pas là en ce moment.

M. C. : Je sais, en revanche, qu’on t’a fait des propositions. Tu as été sollicitée par des diffuseurs ces dernières années pour des projets qui ne te convenaient pas nécessairement. Es-tu difficile, Christiane ?

C. C. : [Rires] Ce serait facile de dire ça ! J’imagine qu’il y a des gens qui le pensent et qui ne me le disent pas en pleine face. Est-ce que je suis difficile ? Moi, honnêtement, je n’appelle pas ça être difficile. J’en ai fait, des compromis. Oui, on m’a fait des propositions. Il y a eu l’émission de radio, l’été à la Taverne du Pélican. Les astres étaient alignés. Ça m’intéressait, il y avait la possibilité d’être dans un bar et mes collaborateurs habituels étaient disponibles. Mais lorsqu’il s’agit d’accepter des propositions qui me demandent de bâtir quelque chose pour quelques mois, avec des gens qui auraient peut-être de la difficulté à s’habituer à ma manière de travailler, c’est là que la vie gagne. Pour le moment ! Je ne suis pas en train de définir ce que ça va être à l’avenir, parce que pour moi, vivre et travailler, ça va ensemble. Ne pas travailler, c’est un peu mourir.

M. C. : J’aime beaucoup Jay. C’est quelqu’un de très sympathique avec qui tu vas bien t’entendre en ondes, j’en suis convaincu. Mais c’est sûr que de voir Christiane Charette devenir collaboratrice d’une émission estivale animée par Jay du Temple à Rouge FM, avec Sam Breton, Roxane Bruneau et Pierre-François Legendre, ça étonne !

C. C. : Tant que je ne me serai pas remise à l’animation, avec l’élan qu’il faut, je vais embrasser les propositions irrésistibles ! C’était inattendu et irrésistible. C’est venu de Jay, qui m’avait déjà proposé une entrevue dans le cadre de ZooFest, mon festival préféré. Ça devait être filmé. J’ai refusé en disant à Jay que je ne voulais pas être filmée. Il m’a dit que ce n’était pas grave. J’ai accepté et j’ai reçu une carte que je chéris, sur laquelle il est écrit « artiste ZooFest ». Je ne me possédais plus d’être devenue une artiste ZooFest. Ça m’a monté à la tête ! [Rires] Cette entrevue-là a été très le fun à faire. Alors j’ai eu envie de dire oui à sa proposition chez Rouge. J’avais déjà été invitée à l’époque où Éric Salvail animait les Fantastiques et j’avais vraiment aimé l’expérience. C’est une autre forme de radio, pour moi qui suis une Radio-Canadienne de père en fille.

M. C. : C’est aussi pour ça que ça étonne...

C. C. : C’est un petit contrat. On est quatre en alternance. J’y serai deux semaines, en juin et en juillet. Ça me permet d’essayer autre chose. J’aime vraiment la radio. La radio privée, c’est une autre dynamique complètement. Ça me tente beaucoup. J’espère tirer mon épingle du jeu sur ce terrain-là...

M. C. : Tu as encore le trac ?

C. C. : Oui, oui ! Mais tu sais, moi, j’attends la fin du monde demain. Tout le monde va s’écrouler ! [Rires] Je suis une vraie pessimiste. Alors oui, j’ai commencé à avoir le trac. À Rouge, ils conduisent un sports car, et ils m’invitent à aller en ondes en direct, ce que j’adore. Coudonc, je vais y aller, faire un tour de sports car rouge ! Je ne veux pas me trahir, mais on n’est pas juste une chose. J’aime la radio, j’aime le direct, et j’aime les sports cars !

M. C. : Tu disais à Jay que tu ne voulais pas être filmée. On ne te reverra plus à la télé ? C’est une question de rapport à l’image ?

C. C. : Je ne suis plus capable de faire de télé. Il y a le rapport à l’image, oui, mais en même temps, j’ai soif de voir des gens à la télé qui ne sont pas tous de la même génération. J’ai soif de voir des gens vieillir à la télévision. Même physiquement, au ras des pâquerettes : qu’est-ce qu’ils font avec leurs cheveux, avec leurs vêtements ? Bien sûr que c’est plus le fun d’avoir 30 ans quand tu es à la télé. J’aimerais ça, parce qu’on me le demande, être quelqu’un qui continue d’aller à la télé. La télé m’a toujours donné beaucoup. J’étais animatrice et productrice de mon émission, 125, Marie-Anne. J’en suis très fière. Mais quand ça s’est terminé, je savais que je ne le ferais plus jamais. Ce n’est pas juste parce que je ne veux pas que les gens me voient. Là où je suis bloquée, c’est que je trouve qu’il y a trop de lumière. La lumière m’aveugle.

M. C. : Je le comprends. J’ai été formé à ton école. Je tamiserais toujours les lumières dans les studios, à la télé comme à la radio.

C. C. : Ma capacité à faire des compromis, par rapport à la télé, est à zéro. Cette banque-là est vide. Parfois, je rêve de trouver la façon de sortir de ce blocage. Mais juste l’idée de me faire maquiller pour la télé me rebute. Ma peau n’en peut plus, mes yeux protestent ! Ensuite, sur un plateau, il y a trop de lumière. C’est une vraie agression pour mon corps. Vraiment. C’est surtout ça. Je ne dis pas que je suis au-dessus des questions d’image, mais mon corps ne veut plus y aller, à la télé ! Ça me limite évidemment. Mon projet sur Instagram de photographier la télé vient beaucoup de là. C’est un chagrin. J’aime la télé. Ça me fascine depuis que je suis toute petite. C’est très rattaché à mon père [l’animateur Raymond Charette] et à l’enfance. J’ai un attachement profond à la télé. Quand je la photographie, c’est parce que je ne peux pas y être alors que d’autres le peuvent. Il y a quelque chose de très personnel là-dedans.