L'exposition du World Press Photo, au Musée Juste pour rire, regroupe 200 photos de reporters choisies parmi plus de 80 000 images soumises au prestigieux concours annuel de cet organisme néerlandais. Moments forts de l'actualité mondiale. Moments de barbarie et moments de grâce.

«Ça me fait penser à Mondo Cane», dit un visiteur. Il n'a pas tort d'évoquer ce documentaire controversé des années 60 ramassant les us et coutumes les plus bizarres et barbares de notre planète. Les photographes reporters qui parcourent le monde, là où ça brûle, en voient eux aussi de toutes les couleurs même si certains rapportent de leurs reportages des photos en noir et blanc. Ils sont souvent au coeur de la barbarie. Et de l'étrangeté.

Les photos choisies ont beau être divisées en 10 catégories pour lesquelles on accorde des prix – aussi bien les sports que les arts et les portraits, les sciences et la nature, ou l'actualité – on en retient surtout les images uniques ou les reportages en plusieurs photos qui expriment la détresse et le désenchantement du monde. Ces images d'enfants chasseurs de moins de 12 ans, par exemple, carabine à la main, qui apprennent à tirer sur du gibier dans des camps de vacances américains (Erika Larsen).

Ces adeptes du culte de Maria Lonza, une secte du Venezuela, qui s'adonnent à des rituels étranges et violents pour se guérir de certains maux (Christina Garcia Rodero). Cette robe de fillette restée accrochée au barbelé lors du passage clandestin de réfugiés à la frontière entre Israël et l'Égypte (Balasz Gardi). Ces dizaines d'hommes transportant sur un brancard un immense gorille victime d'un massacre (Brent Stirton). Ces massacreurs de narvals qui tuent pour l'ivoire (Paul Nicklen) ...

Le monde est pervers

Bien sûr, il y a des moments de grâce. Toute cette vie microscopique dans une goutte d'eau de la mer photographiée par David Liittschwager – on pense à des tableaux d'art contemporain (en particulier à Cy Twombly). Cet homme au béret afghan portant dans ses bras un enfant blessé, le regard suppliant comme s'il s'adressait à Dieu, et qui évoque les tableaux des maîtres de la peinture hollandaise (Balazs Gardi). Ou encore ce portrait indéchiffrable de l'énigmatique Poutine (Platon).

Du côté de la grâce, il y a aussi tous ces instants de l'actualité saisis par Bernard Brault, choisi photographe canadien de l'année 2007 par l'Association des photographes de presse du Canada et à qui l'on rend un hommage particulier. Le chemin qui mène à l'ascenseur pour le 3e étage du Musée, où a lieu le World Press Photo 08, est balisé par une vingtaine de photos de notre collègue. À les voir se suivre en si grand format, on comprend pourquoi le photographe de La Presse est l'élu de ses confrères.

Artistes canadiens

Pour la première fois cette année, le cinquième étage du Musée Juste pour rire est occupé par une autre exposition de photos, dans l'ensemble beaucoup plus joyeuses et éclatées que celles des photographes reporters.

Ce sont des photos réalisées par des artistes canadiens qui travaillent aussi bien dans la mode que dans la publicité, quand ils ne font pas des expériences directement sur la pellicule. Ils sont une centaine à exposer. Il y a des photos franchement drôles. Comme celle d'un motel au titre évocateur de Tite Vite (Simon Langlois). Cette exposition organisée par CAPIC (Association canadienne des photographes et illustrateurs en communication) s'appelle La foire de l'image. Et les photos sont à vendre.

World Presse photo 08 et La foire de l'image de Montréal au Musée Juste pour rire, 2111 boulevard Saint-Laurent. Jusqu'au 28 septembre. Ouvert tous les jours de 11 h à 20 h, les jeudis de 11 h à minuit. Entrée : 10 $ taxes incluses (adultes) ; 5 $ pour les étudiants et les gens âgés. Infos : worldpressphoto.org ou lafoiredelimage.com