Pour souligner son 20e anniversaire, le centre d'exposition Circa a demandé à une quarantaine d'artistes et de céramistes de renom de se servir de la céramique pour créer des petites oeuvres qu'il vend à moins de 1 000$. Pour une bonne cause, la sienne.

Michel Goulet? Difficile à retrouver dans cet ensemble d'objets qui ont tous au moins un petit bout en céramique. Pas de chaise en vue, même minuscule. Une fois l'oeuvre repérée, on reconnaît quand même la marque du sculpteur: l'accumulation. Accumulation de petits morceaux de porcelaine découpés avec différents instruments pour traiter la pâte alimentaire. Cela donne de petits tas de pâtes.

René Derouin? L'objet est suspendu au plafond et réunit des figurines comme celles que l'artiste a jetées, un jour, dans le fleuve Saint-Laurent au cours d'une performance remarquée.

Paryse Martin conserve son sens de l'humour. Elle a accroché au mur une lapine - on sait que c'est une lapine parce qu'elle a de longs cils. Les moustaches de l'animal descendent jusqu'à terre.

Ces trois artistes font partie, avec Fournelle, Cozic, Janet Logan, Kiopini et autres Denis Rousseau, des non-céramistes invités à participer à la vente annuelle bénéfice de la galerie Circa. Ils se joignent à de vrais céramistes comme Yves Louis-Seize, Monique Giard ou Maurice Savoie pour souligner le 20e anniversaire du centre d'exposition.

Circa est née il y a 20 ans pour sortir l'art de la céramique du placard où il était enfermé, celui de la poterie. C'était alors une initiative du Centre de céramique Bonsecours, explique le directeur de la galerie depuis son ouverture, Maurice Achard. Il y a 10 ans, la galerie a changé de vocation et est devenue un centre d'artistes. La céramique y a toujours sa place, mais la galerie se spécialise dans les installations d'art contemporain, ces oeuvres qui «s'installent» ou s'étalent dans l'espace. La quarantaine d'artistes qui participent à l'événement sont tous membres de Circa et y ont fait des expositions au fil des ans.

Avec l'aide d'Yves Louis-Seize à l'UQAM et de Monique Giard au Centre Bonsecours, les non-céramistes ont pu avoir accès aux outils et aux conseils nécessaires pour créer des oeuvres en céramique ou mettre un peu de céramique dans leurs oeuvres. Certains, comme Denis Rousseau, sont tombés amoureux de la porcelaine et l'utilisent abondamment. D'autres, comme les Cozic, sont restés fidèles à eux-mêmes en partant de «ready-made» - tuiles ordinaires de céramique en vente dans les quincailleries que le duo a déposées sur ce qui ressemble à des bouts de bois, en réalité faits de porcelaine.

En circulant d'une oeuvre à l'autre, il nous vient facilement un cliché à l'esprit: voilà la céramique dans tous ses états. En plaques empilées (Louise Viger), en maquette d'usine nucléaire (Daniel Corbeil), en sculpture abstraite élégante (Louis-Seize), en fausse peinture monochrome rouge (Kiopini), en bol vide qui fait du bruit (Marie A. Côté), en tableau design impeccable (Gilbert Poissant), en oeuvres translucides (Lisette Lemieux) et même intégrant la photographie (Suzie Fraser).

Le coût des oeuvres oscille entre 30$ à 1 000$, dont la moitié revient à la Circa, l'autre à l'artiste. C'est le bon temps d'en profiter, ça n'arrive qu'une fois par année.

Jouer avec le feu, jusqu'au 31 juillet à la galerie Circa, édifice Belgo, 372, Sainte-Catherine Ouest, pièce 444. Entrée libre. Ouvert du mercredi au samedi, de 12h à 17h30.