Daran n'est pas de ceux qui regardent en arrière. Lorsqu'il a choisi de venir s'installer à Montréal, il y a un peu plus d'un an, le musicien français a embrassé sans tarder ce que sa ville d'adoption avait à offrir. Et dans la création de son premier disque en tant que nouveau - et fier! - résidant du Québec, il n'a pas fait autrement. L'album en question, L'homme dont les bras sont des branches, sera en magasin mardi.

«Je voulais enregistrer dans un studio québécois, avec des musiciens québécois, assure Daran. Je tenais à ce que cet album soit à 100% québécois. Le seul apport extérieur, c'est moi!»

Quand il est arrivé à Montréal avec sa petite famille, à l'automne 2010, Daran apportait dans ses bagages les chansons de son prochain disque. Elles ont toutefois passablement changé d'allure depuis qu'il a commencé à travailler avec ses musiciens: le guitariste André Papanicolaou, le bassiste Guillaume Chartrain et le batteur Marc Chartrain.

«Je les avais dans mes valises, mais les chansons ont pris forme ici, indique le chanteur. J'avais pensé à des arrangements, mais quand j'ai commencé à travailler avec les gars, j'ai remis les démos guitare-voix. Ce que vous entendez ici, c'est eux qui l'ont trouvé», a ajouté Daran, qui a voulu lâcher prise sur ses créations pour voir où l'inventivité de ses nouveaux complices allait les mener. «La liberté, ce n'est pas de tout faire soi-même. C'est de choisir à qui on délègue!» analyse l'artiste.

Des planches au studio

À bien des égards, la scène a été bénéfique pour Daran dans la dernière année. L'auteur de Dormir dehors a présenté presque toutes ses nouvelles chansons devant public à de nombreuses reprises avant d'entrer en studio. Loin de s'inscrire à contre-courant, ce choix a représenté pour le chanteur une occasion de «changer ses repères» et de faciliter ensuite le processus d'enregistrement.

«Comme c'était un nouveau départ pour moi avec un nouveau band québécois, je ne voulais pas leur faire apprendre tout un ancien répertoire avant de partir en tournée», explique le Français, ajoutant que la série de spectacles avait permis aux chansons de trouver une forme plus mature. «Quand on sort un album, il arrive qu'on ait des regrets lorsqu'on arrive sur scène, avance-t-il. Le live peaufine les choses, ça dégage l'essentiel des chansons, ça leur donne une patine...»

Au moment d'immortaliser les pièces, la tâche n'en a été que plus simple pour les musiciens, qui connaissaient les chansons sur le bout des doigts, sauf une, que Daran leur réservait en surprise. «Le fait d'avoir d'abord fait de la scène nous a amené une belle sérénité. En studio, on pouvait s'occuper de la précision, peaufiner les détails», confirme le chanteur, qui y a aussi trouvé son compte lorsque des maux de gorge sont venus compliquer - et retarder - son travail d'enregistrement. Le fait d'avoir si souvent chanté ses propres chansons lui a évité bien des expérimentations inutiles...

Plus lumineux

Daran semble visiblement fier de son nouvel album. «Je n'ai pas de regret», lance l'artiste, qui s'est dit content du travail effectué sur les arrangements, du soin apporté à «la texture sonore».

Avec L'homme dont les bras sont des branches - dont la pièce-titre est décrite comme une «métaphore écologique» -, le chanteur dit avoir mis à profit «l'environnement plus dark» qu'il a développé sur son précédent effort, Le petit peuple du bitume. Mais l'énergie des chansons leur confère aussi un côté plus lumineux, selon ses dires...

Il faut ajouter que Daran a des raisons de sourire. Presque chaque entrevue qu'il a donnée depuis son déménagement au Québec nous a montré un homme radieux, fort heureux de sa nouvelle vie. Il n'a que de bons mots pour les Québécois, se réjouit d'entendre fiston prendre l'accent d'ici et va même jusqu'à attendre avec impatience les bordées de neige et les joies de la pelle... L'artiste refuse toutefois de qualifier ce bonheur de «lune de miel».

«Pendant longtemps, je venais ici, je repartais à regret et je revenais avec enthousiasme, dit Daran. J'ai vu des choses, j'ai parcouru ce territoire. Ce n'est pas d'être en lune de miel que d'être content d'être là! Je me trouve bien dans ce choix qui a été réfléchi de longue date.»

CHANSON

DARAN

L'homme dont les bras sont des branches

Le mouvement des marées

En magasin mardi