Il roule en Tesla Model S autopilote et il construit des bornes de recharge résidentielles pour les propriétaires de véhicules électriques à son usine de Shawinigan. Jean-Marc Pittet, 61 ans, PDG de la firme Elmec, est convaincu que sa PME de 20 employés a « le vent dans les voiles », même si le défi du financement reste important.

« Nous connaissons une forte croissance grâce à l'engouement pour l'électrification des transports au Québec », raconte avec satisfaction l'entrepreneur d'origine suisse.

« Ça ne fait que deux ans que nous fabriquons des bornes de recharge, convient-il, mais déjà, on constate que la demande va en s'accélérant. »

« Nous prévoyons bientôt embaucher des ingénieurs et des employés à la production et à l'administration pour répondre à la demande de nos clients. » - Jean-Marc Pittet

Il voit grand pour son entreprise, qu'il souhaite voir devenir un « chef de file » dans le développement des énergies vertes, avec la commercialisation à haute échelle de la borne de recharge EVDuty.

« C'est un produit qu'on a développé entièrement à Shawinigan [secteur Grand-Mère] et qui a franchi toutes les étapes, de la conception à la réalisation, dit-il fièrement. Nous n'avons pas fait appel à des sous-traitants, par souci d'efficacité. »

BESOIN DE CAPITAUX

Bien qu'il se réjouisse des succès encore récents de son entreprise dans ce secteur émergent, il concède qu'il faut « beaucoup, beaucoup de capital » pour atteindre une véritable vitesse de croisière.

« Ce n'est pas avec 1 million par-ci, 1 million par-là qu'on peut espérer avancer, évalue-t-il. Ça peut demander de 10 à 20 millions pour percer. »

Il reste par ailleurs discret sur l'ampleur des capitaux qui seront nécessaires pour permettre à Elmec d'atteindre ses objectifs dans un horizon de cinq ans.

Mais il assure que, d'ici à 2020, le fabricant installé en Mauricie devrait vendre « plus de 100 000 bornes de recharge résidentielles » au Québec, en Ontario et aux États-Unis. En 2016, selon ses projections, « de 3000 à 5000 » bornes seront vendues « un client à la fois », par un intermédiaire ou au moyen des médias sociaux.

« Nous sommes une entreprise de petite taille », précise-t-il pour justifier cette approche économe.

PÉTROLE C. ÉLECTRICITÉ

Il va sans dire que Jean-Marc Pittet - arrivé au Québec « en 1980, l'année du référendum ! », se souvient-il - s'intéresse de près à ce qui se passe sur la planète verte.

« On va dépendre de moins en moins du pétrole et on verra de plus en plus d'automobiles électriques sur les routes en Amérique du Nord. » - Jean-Marc Pittet

Il croit en outre que cela va créer une « très forte demande » pour les bornes de recharge résidentielles. « Il y aura bien sûr un réseau électrique public, qui prendra de l'ampleur, résume-t-il. Mais je crois que 90 % des recharges vont se faire à la maison. Il faudra proposer des bornes à un prix raisonnable, ce qu'on s'emploie déjà à faire en misant sur une augmentation des volumes de production à notre usine. »

Il faut comprendre que l'entrepreneur carbure aux défis. Il est persuadé d'avoir vu juste en démarrant ce projet dans la filière électrique.

« Il y a une chose dont je suis certain, conclut-il, si je ne réussis pas dans ce projet, ce sera uniquement de ma faute ! Parce qu'il y a actuellement toute une mouvance vers l'électricité et que l'intérêt n'est pas sur le point de diminuer. »