L'arrondissement de Saint-Laurent a un côté très onusien. Quelque 165 nationalités s'y côtoient. C'est d'ailleurs là que la grande majorité des nouveaux arrivants vont s'établir. Pas étonnant que 80% des démarrages d'entreprises sur le territoire soient l'oeuvre d'immigrants de première génération. Portraits et défis d'un secteur de la ville qui fait battre l'économie montréalaise.

«Ici, les gens issus de l'immigration ont le réflexe de l'entrepreneurship, explique Daniel Dicaire, directeur général de Développement économique Saint-Laurent. C'est dans leur culture. C'est bien vu de se partir en affaires. Or, comme ils sont frileux à l'échec, ils vont travailler encore plus fort pour réussir.»

Les entreprises comme Aldo, Alphacasting, Groupe Hypertec, Recochem et autres Sager Foods en sont des exemples probants.

Le reste du Québec devrait-il prendre exemple sur ce qui se fait à Saint-Laurent? «Peut-être, mais une chose que j'ai remarquée, précise M. Dicaire, c'est qu'après un certain temps, on vient qu'on ne se pose plus la question si telle ou telle personne est issue de l'immigration. Et ça va dans les deux sens. Quand on ne fait plus de distinction entre les gens, c'est une victoire.»

La force ouvrière est, elle aussi, fortement multiethnique. Statistiquement, près de 65% des travailleurs dans les entreprises de Saint-Laurent sont issus de l'immigration. D'ailleurs, environ 60% des habitants de cet arrondissement ne sont pas nés au Québec. À titre d'exemple, la petite équipe de Développement économique Saint-Laurent représente 20 nationalités.

Champion industriel

Saint-Laurent est l'une des plus importantes zones industrielles du Québec. En fait, selon M. Dicaire, l'arrondissement fait partie du club sélect des zones industrielles les plus dynamiques au Canada. «Nous sommes le Mississauga du Québec», dit-il.

Parmi les plus grands arrondissements de l'île, Saint-Laurent est une zone où l'activité économique prédomine. Près de 70% du territoire est à vocation commerciale et industrielle. Les 30% restants sont occupés par une population d'à peine 100 000 habitants.

L'arrondissement est un savant mélange de 4500 entreprises manufacturières, de services et de détail qui génèrent quelque 108 000 emplois. Mais on y trouve aussi l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de même que deux cégeps, dont l'un, Vanier, est anglophone (l'autre est le cégep de Saint-Laurent).

La présence d'entreprises étrangères est elle aussi très importante. Saint-Laurent compte en effet 265 multinationales sur son territoire. Celles-ci emploient 19 000 des 83 000 travailleurs dans le secteur manufacturier.

Dit autrement, un emploi sur quatre dépend des filiales étrangères. C'est pourquoi Développement économique Saint-Laurent a mis en place une vigie de concert avec Montréal International afin d'aider les multinationales à remplir leur mandat local. Objectifs recherchés: la rétention et l'expansion.

Principaux pôles

Les trois principaux pôles d'activité de Saint-Laurent sont l'aéronautique (18 000 emplois, notamment chez Bombardier, CAE et de nombreux sous-traitants), les sciences de la vie (4000 emplois, entre autres chez Pfizer, Bristol-Myers Squibb, Shire, etc.) et les technologies de l'information et de la communication (16 000 emplois, dont ceux chez Groupe Hypertec et Miranda Technologies).

Même s'ils sont en baisse depuis la crise financière de 2008, les investissements sur le territoire frôlent les 600 millions par an. À l'époque où Nortel était présente dans le Technoparc, ce chiffre atteignait facilement le milliard annuellement.

Victime, en quelque sorte, de son succès, Saint-Laurent n'a pratiquement plus d'espace dans sa zone industrielle.

«Nous fonctionnons à pleine capacité, dit Daniel Dicaire. Il y a encore quelques vieux bâtiments qui datent des années 50. Notre taux de vacance est de 1 à 2% inférieur au reste de l'île. Mais en général, il ne reste plus beaucoup de place. Il en reste toutefois dans le Technoparc, mais cette zone est axée sur la R-D. N'y entre pas qui veut.»

Traversé, sinon bordé, par les autoroutes 13, 15, 20 et 40, l'arrondissement est aux prises avec un important problème de fluidité, notamment en ce qui concerne le déplacement de ses travailleurs, explique Daniel Dicaire.

Le prolongement de la ligne orange du métro jusqu'à la gare Bois-Franc est envisagé. Mais selon M. Dicaire, c'est le prolongement du boulevard Cavendish que la Ville devrait (et va sûrement) mettre en priorité.