L'évolution des technologies pousse les besoins et attentes des jeunes de 30 à 40 ans, en matière de services de gestion de patrimoine, vers de nouveaux horizons: services en ligne, conseillers robots, communication par courriel. Malgré tout, le gestionnaire en personne a toujours sa place.

SERVICES ÉLECTRONIQUES

Les conseillers robots sont de plus en plus populaires aux États-Unis. Au Canada, ces services pleinement automatisés ne sont pas encore légaux, même si des services similaires, supervisés par des gestionnaires de portefeuille en chair et en os, ont commencé à pousser.

Et les jeunes, attirés par l'aspect technologique et la facilité avec laquelle ils peuvent accéder à leurs informations, ont tendance à aller vers ces services.

« Plusieurs de mes étudiants iraient vers des conseillers robots pour ces raisons », dit Jean-Philippe Tarte, maître d'enseignement à HEC Montréal.

NOUVEAUX MODES DE COMMUNICATION

Le modèle des conseillers qui se déplacent à domicile pour parler de placements est moins populaire chez les jeunes.

Les firmes de gestion de fortune ont donc commencé à changer les moyens qu'ils prennent pour communiquer avec leurs clients. Plusieurs d'entre elles ont mis à jour l'interface de leur site web.

« Aujourd'hui, les exigences ne sont probablement plus les mêmes. On est peut-être plus dans une génération instantanée. »m - Jean-Philippe Tarte, maître d'enseignement à HEC Montréal

Si les clients ont des questions, par exemple, ils sont plus tentés d'envoyer un courriel. La rapidité de la communication des informations devient aussi cruciale.

GÉNÉRATION DU COMPROMIS

À 30 ou 40 ans, plusieurs personnes commencent à investir.

« Les moins de 35 ans sont seulement 34 % à investir dans des fonds de placement. Entre 35 et 44 ans, par contre, la moitié des gens investit », explique Aymen Karoui, professeur de finance à l'UQAM.

En même temps, les jeunes générations font plus de place à la famille, et moins aux longues heures travaillées.

« Les gens veulent travailler moins. Ils ont donc plus de temps pour gérer leurs finances. Les institutions financières font alors des efforts pour les attirer et offrent des produits toujours plus diversifiés. »

CLIENTS SAVANTS, GESTIONNAIRES À L'ÉCOUTE

Aujourd'hui, l'internet déborde d'information financière. Les gens sont aussi très scolarisés.

Un ingénieur, par exemple, pourrait aisément trouver, décortiquer et comprendre des équations utilisées en finance.

Les clients de 30 ou 40 ans ont donc moins tendance à donner un chèque en blanc à leur conseiller. Ils se forment souvent d'eux-mêmes une opinion sur l'investissement.

« Un gestionnaire doit donc maintenant plus que jamais pouvoir répondre aux questions de son client, car on lui en pose plus qu'avant », dit Pierre Saint-Laurent, responsable du DESS en professions financières à HEC Montréal.

LE CONSEILLER, TOUJOURS D'ACTUALITÉ

Les technologies en ligne sont attirantes pour les plus jeunes, remarque Pierre Saint-Laurent.

Malgré tout, il estime que le conseiller en placement et les rencontres en personne ont toujours leur pertinence.

Selon lui, il est difficile de contourner l'expertise d'un gestionnaire parce que celui-ci a l'expérience de travailler avec des gens, sait leur poser les bonnes questions et peut interpréter leurs besoins.

« Pour développer une politique de placement, une stratégie, il faut comprendre les limites de l'investisseur, sa tolérance au risque, ses besoins et ça, ça se fait bien mal à distance. » - Pierre Saint-Laurent, responsable du DESS en professions financières à HEC Montréal

AU-DELÀ DES PLACEMENTS

La gestion de patrimoine comprend la gestion des placements, mais également la planification de la succession, les conseils juridiques ou fiscaux et les assurances, entre autres.

« Ça prend donc des conseils spécifiques », dit Pierre Saint-Laurent.

C'est vrai d'autant plus que la période de la trentaine et de la quarantaine s'accompagne généralement de décisions importantes : conjoint, maison, famille.

À ce moment-là, les questions fiscales, par exemple, deviennent très importantes.

« Il ne s'agit pas d'information qu'on peut prendre sur l'internet, dit Pierre Saint-Laurent. Loin de là. »

Photo Olivier Pontbriand, Archives La Presse

Pierre Saint-Laurent, de HEC Montréal, estime que le conseiller en chair et en os est encore pertinent dans le domaine de la gestion de patrimoine, malgré les services de placement en ligne qui font leur apparition.

Photo François Roy, Archives La Presse

Le modèle des conseillers qui se déplacent à domicile pour parler de placements est moins populaire chez les jeunes.